The Most Serene Republic : L'incarnation pop du passé
Musique

The Most Serene Republic : L’incarnation pop du passé

The Most Serene Republic refait le monde en musique avec un canevas qui s’inspire des grandes figures artistiques du passé.

Avec un titre aussi symbolique, … And the Ever Expanding Universe, on pourrait croire que les membres du groupe The Most Serene Republic ont tenté de parfaire un exercice philosophique plus qu’une simple production musicale pop. Les thèmes soulevés sur ce troisième album, qui fait suite à Population, paru en 2007, sont révélateurs: l’existentialisme, le nihilisme, la catharsis… Adrian Jewett, principal compositeur et auteur avec Ryan Lenssen au sein de ce collectif qui réunit six musiciens, tente de nous expliquer cette direction artistique.

"Depuis la dernière tournée (plus d’une année sur la route avec, entre autres, la chanteuse Feist), il s’est passé beaucoup de choses dans nos vies, résume-t-il. Pour ma part, disons que j’ai pris conscience de l’anxiété qui domine notre ère. On peut essayer d’en faire abstraction, mais au bout du compte, l’ennemi principal se cache à l’intérieur de nous. On essaie de se faire confiance, de se suffire à soi-même et d’avancer… Mais, parfois, tout ça se remet en question. On est fondamentalement individualistes et, pourtant, la seule façon de survivre, c’est que les autres qui nous entourent soient bien en vie. C’est un grand paradoxe. Le titre de cet album est en quelque sorte une excuse pour témoigner de cette prise de conscience."

Dégagés des obligations liées à la tournée depuis un an, les membres de TMSR ont tout remis en perspective. Ceux-ci nous avaient habitués à un rythme de production boulimique depuis 2005, additionnant les EP entre chaque album. Cette fois-ci, ils y ont mis un peu plus de temps, concluant ainsi un chapitre trouble qui n’était pas étranger à leur jeune âge. En compagnie du réalisateur Dave Newfeld (Broken Social Scene, Apostle of Hustle, Los Campesinos), ces jeunes musiciens de 24 ans nous offrent une fresque musicale contrastée où s’additionnent les orchestrations instrumentales inusitées.

"On se consacre à la composition avec beaucoup d’attention, précise Jewett. C’est pour nous quelque chose de très précieux, comme l’écriture d’un roman pour un écrivain, j’imagine. Combien de romans faut-il écrire pour en faire un seul qui soit valable? On revient toujours en arrière pour parfaire et réécrire certaines de nos compositions. Avant d’entrer en studio et de se retrouver devant les micros, on a besoin de faire cet exercice à fond. Ça peut prendre un certain temps et c’est même accaparant."

Les références musicales se multiplient sur ce dernier disque. Férus de musique classique, Adrian Jewett et ses acolytes se nourrissent de Stravinski et des courants artistiques qui ont défini la République de Weimar. "On pourrait se décrire comme des fanatiques de la première moitié du 20e siècle. C’est la naissance des courants artistiques modernes. Tout est là. La fantaisie est omniprésente dans notre groupe et l’un de nos fantasmes, c’est de remonter le temps pour vivre à cette époque."

À écouter si vous aimez /
Final Fantasy, Broken Social Scene et Talking Heads