Cowboy Junkies : Irrésistibles et irréductibles Junkies
Le groupe Cowboy Junkies cultive un art qui est non négociable. La voix du groupe, Margo Timmins, nous résume les secrets d’une telle longévité.
Il y a eu plusieurs chapitres dans la carrière du groupe Cowboy Junkies. Après plus de 20 ans, la chanteuse Margo Timmins se souvient de l’un d’entre eux dans les moindres détails. Un chapitre qui aurait pu se conclure dramatiquement si le groupe n’avait pas fait revivre sa propre étiquette de disques, Latent Recordings, à la fin des années 90.
"Quand nous avons sorti notre dernier disque sur étiquette Geffen, Miles from Our Home en 1998, tout était devenu si compliqué, décrit la chanteuse. L’industrie prenait trop de place et les négociations avec les directeurs de cette compagnie étaient interminables. On n’y comprenait plus rien. Nous devions quitter Geffen, sinon c’était la fin du groupe. Nous serions tous partis chacun de notre côté, complètement dégoûtés. Toutes les suggestions qui nous étaient soumises devenaient une véritable lutte. Tu te rends compte, ils continuaient à nous demander un hit single!? Nous n’avons jamais produit un hit single! Suis-je censée me montrer le nombril sur scène en prime? Nous les regardions, incrédules, en leur disant: "Êtes-vous sûrs que c’est à nous que vous voulez demander cela?" C’était vraiment frustrant."
Margo Timmins et ses deux frères Michael (guitare, voix) et Peter (batterie) ainsi qu’Alan Anton (basse) ont donc pris le chemin de l’indépendance afin de respecter une direction artistique unique, ancrée dans le country, que le groupe cultive avec soin. Depuis l’album Waltz in America, jusqu’à leur tout dernier, intitulé At the End of Paths Taken, en 2007, seul l’album Trinity Revisited fut réalisé sur un major, RCA, pour souligner le 20e anniversaire de leur chef-d’oeuvre, The Trinity Session. "C’est plus de travail et de responsabilités, mais nous sommes heureux. On fait ce que l’on aime et il n’y a personne pour nous demander un hit! Nous sommes environ 10 dans cette compagnie, dont quatre sont dans le groupe. Les décisions se prennent beaucoup plus rapidement et nous sommes en mesure de respecter l’évolution de ce groupe. Je crois aussi que c’est pour cette raison que nous avons, encore aujourd’hui, un public fidèle. Il faut oublier l’industrie du disque. Sans les tournées, nous ne serions pas capables de gagner notre vie."
Avec cette tournée, le groupe touche à l’ensemble de son répertoire. Trinity sera bien sûr au coeur de ce concert, mais quelques nouvelles compositions se glissent au fil du programme. C’est inévitable, les Junkies aiment avant tout expérimenter sur scène. "En studio, nous avons l’impression de tricher un peu, avoue-t-elle. C’est comme chanter sous la douche, tout est parfait, c’est trop facile. Nous sommes un groupe qui compose des atmosphères. La seule façon d’y arriver, c’est de jouer live en studio. Et c’est sur la scène qu’on s’investit totalement. Après avoir chanté devant un auditoire, tout devient plus clair et ça nous pousse à travailler un peu plus. Fondamentalement, nous sommes un groupe qui est fait pour la scène."
À écouter si vous aimez /
Emmylou Harris, 10 000 Maniacs, Hank Williams