Fuck Buttons : Les grands explorateurs
Perdus quelque part sur une route labyrinthique de l’Ouest creux des États-Unis, deux habiles bidouilleurs anglais répondant au nom de Fuck Buttons s’efforcent d’établir la communication pour parler de la quête chimérique du son idéal.
Il y a un mois, les Fuck Buttons ont lancé le médusant Tarot Sport, un an après Street Horsssing et un passage en première partie de Caribou à Montréal, avec qui le duo anglais a quelques affinités hypnotiques. Les musiques (sans paroles) des Fuck Buttons irradient et pulsent. On y reconnaît des sonorités associées au dance des années 90 qui n’ont jamais eu aussi fière allure que depuis que certains groupes les récupèrent avec brio (Cut Copy, par exemple), des rythmiques oscillant entre petit galop frénétique et marche militaire, un sentiment d’urgence et un pressentiment d’apocalypse. Le résultat est à ranger quelque part entre danse tribale, électro expérimental, post-rock et la trame sonore d’un film catastrophe annonciateur de fin du monde…
Les sons que l’on croise dans cette forêt synthétique induisent une certaine forme de transe. "On peut mettre des heures avant de repérer un son qui nous plaise à tous les deux", révèle Benjamin John Power. Andrew Hung, complice, précise la démarche: "On accumule des tas d’instruments et d’objets bruyants dans le local de répétition. On les étale autour de nous et on explore… Jusqu’à ce qu’une dynamique intéressante s’installe entre les différentes composantes qui ont retenu notre attention. Ensuite, on commence à jammer et des motifs apparaissent. On n’a pas de routine ni de rôles préétablis." "La meilleure façon de procéder, à mon avis, résume Ben, c’est de partir d’un canevas complètement vierge dans un local rempli à craquer d’équipement. Les gens nous imaginent rivés à nos écrans de laptop, mais c’est une fausse croyance. Nous ne sommes pas un groupe d’électroniciens!"
L’intrigant titre du gravé découle lui aussi de la démarche exploratoire des Fuck Buttons. Andrew: "En temps normal, les mots "Tarot" et "Sport" ne se retrouvent pas côte à côte. C’est un titre qui réitère un truc qu’on a découvert: la jubilation associée à la juxtaposition d’éléments épars."
À voir si vous aimez /
Holy Fuck, Caribou, Wolf Eyes