Damien Robitaille : L'autonomie à deux
Musique

Damien Robitaille : L’autonomie à deux

Damien Robitaille poursuit sa folle odyssée avec un tout nouveau spectacle inspiré d’Homme autonome, son deuxième opus. Pierre-Yves Bernard lui file un coup de main.

Par un après-midi ensoleillé, l’humeur est à la blague dans un bar de Montréal. Autour de la table, Damien Robitaille lance une boutade et son metteur en scène, Pierre-Yves Bernard, l’attrape au vol et la développe. C’est un peu de cette manière, également, qu’ils ont travaillé le spectacle tout frais du chanteur.

"J’avais plein d’idées pour mon deuxième album, clame Robitaille. Je suis très changeant. Un an, je suis à fond dans le country, ensuite dans le jazz. Là, j’avais envie que le public danse. En écrivant, j’imagine toujours comment les chansons vont s’incarner sur scène. Avec mon réalisateur JF Lemieux, on a pris une direction Motown, le désir de faire un disque de soul."

Et le résultat est effectivement très différent de la pop dynamitée de L’homme qui me ressemble, son premier effort: "J’écris tout le temps. J’ai toujours un stock de chansons en réserve. Mais je ne sais pas toujours où je m’en vais. Sur le premier disque, je ne voulais pas mettre Je tombe, mais mon entourage a insisté." On connaît le résultat: un des meilleurs succès du CD. Son arrangement tournoyant y est pour beaucoup. Elle donne l’impression d’entrer dans une spirale, de faire vaciller l’auditeur.

Pas étonnant que le même Lemieux dirige à nouveau les opérations sur Homme autonome: "Quand je suis arrivé à Montréal, je ne connaissais personne. C’est ma maison de disques, Audiogram, qui m’a suggéré de le prendre. Et maintenant, on a une belle complicité. Pendant les longues tournées au Québec, tu fais beaucoup de route. Tu as le temps pour discuter des prochaines chansons!"

VOTEZ BRUN

La pochette d’Homme autonome annonce la couleur: ce disque sera brun ou ne sera pas. L’auteur-compositeur pose même en photo sur un très seyant tapis blanc en minou: "Pour moi, le côté kitsch, c’est surtout amené par l’image, l’aspect visuel, je ne pense pas que ma musique puisse être nommée ainsi. Et d’ailleurs, qu’entends-tu par kitsch exactement?" L’espace d’une seconde, le chanteur reprend son sérieux. Eh bien, par exemple, une affiche avec "Plein d’amour, Damien Robitaille XX", incluse dans le CD?

L’auteur Pierre-Yves Bernard, lui, ne connaissait pas le premier disque de Robitaille avant qu’on le contacte pour faire la mise en scène du nouveau spectacle: "Je suis allé l’acheter, ça m’a plu. Officiellement, j’ai le titre de metteur en scène, mais ce n’est pas vraiment ça. Ma contribution est plus discrète. Je pense que sa gérante est davantage venue chercher l’auteur de Dans une galaxie près de chez vous que de Minuit, le soir!" D’un côté, une série légère pour un jeune public. De l’autre, une pure merveille qui vaut son pesant de rires et de larmes.

Entre l’écriture d’une nouvelle télésérie et d’un album rock en français, Bernard a du temps à consacrer à voir et revoir Robitaille en scène: "Je lui écris des petits textes pour les dire entre les chansons. C’est certain que c’est un cadre assez restrictif, mais stimulant." Le chanteur enchaîne: "J’ai un peu quitté l’univers du premier disque, ça m’intéresse moins, les animaux, tout ça. J’ai mûri, je veux aussi émouvoir les gens. Parfois, je faisais juste monter sur scène, dire mon nom et les spectateurs riaient… probablement à cause de mon accent. Je peux provoquer plusieurs réactions, le rire, la colère, l’amusement…"

Pour ce nouveau spectacle, Robitaille a gardé la plupart de ses anciens musiciens, mais la grande primeur, c’est qu’il ne sera plus accroché à son piano. Il va s’en libérer pour devenir un vrai interprète debout, qui bouge, qui se secoue le bassin, à la manière du chanteur de charme qu’il s’amuse parfois à incarner, comme aux dernières FrancoFolies pendant l’hommage à Nino Ferrer. Lâchez la bête en lui, et ça donne cette scène complètement loufoque…

Pierre-Yves Bernard est d’un naturel plus réservé, quoique n’hésitant pas à plaisanter lui aussi. Il précise: "C’est la première fois que je fais ce boulot avec un chanteur. Je le regarde travailler, puis je lui donne des idées. On améliore le spectacle au fur et à mesure."

Deux cerveaux en ébullition qui continueront sans doute la discussion dans les semaines à venir, une rencontre peut-être pas si inusitée que ça finalement.

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