Antoine Gratton : Beau problème
Musique

Antoine Gratton : Beau problème

Fort d’un troisième album audacieux mêlant arrangements ingénieux et grooves endiablés, Antoine Gratton nous rend visite.

Si la faune musicale québécoise était une grande illustration remplie d’individus colorés, Antoine Gratton serait sans doute Charlie, le célèbre personnage au chandail blanc et rouge. Reconnaissable entre tous les autres auteurs-compositeurs-interprètes, Gratton a cette touche qui le distingue.

Son dernier album, Le Problème avec Antoine, en témoigne justement. Au coeur de la grande crise du disque, où l’action de s’acheter un CD est presque devenue fantaisiste, Gratton a mis sur le marché une production aux styles très éclatés, qui bénéficie en plus d’une pochette hors du commun. Le chanteur à l’oeil étoilé s’explique: "On ne peut pas se le cacher, c’est une période très bizarre dans l’industrie. Il n’y a plus vraiment de marche à suivre comme à une certaine époque. Par exemple, les tounes sur mon disque ne risquent pas beaucoup de rouler sur les grosses radios commerciales, mais d’un autre côté, ce n’est plus comme avant. Il y a plein de radios sur le Web et la musique ne voyage plus de la même façon. Je suis chanceux parce que la compagnie avec qui je travaille voit les choses de la même façon que moi. Ce ne sont pas toutes les compagnies qui auraient eu le courage de lancer un disque comme Le Problème avec Antoine."

Afin de bien défendre cet album pour le moins unique, Antoine Gratton a une fois de plus fait les choses d’une façon plutôt singulière. À la grande différence de ses confrères qui préfèrent jouer dans des salles plus conventionnelles et confortables, Gratton a visiblement un faible pour la vieille école. "On a fait la plupart des shows dans des bars. Même que je pourrais te dire qu’on a pas mal fait une tournée des bars miteux. Ça a aidé le band à devenir bon très rapidement. De toute façon, c’est beaucoup plus le fun de jouer pour du monde qui n’est pas nécessairement là pour t’entendre. Quand tu joues dans une salle où le monde a le choix de partir, tu donnes ton spectacle en voulant aller chercher les personnes dans la place. C’est pour ça qu’à la fin, quand tu vois qu’il y a des gens qui dansent et qui tripent, tu peux te dire que tu as fait ta job. C’est beaucoup plus excitant que dans une salle où le public est assis et t’écoute religieusement. Tu as l’impression de jouer dans un film."

Enfin, lorsqu’on fait remarquer à Gratton qu’il semble être le seul artiste de sa génération à ne pas avoir fait son entrée dans l’industrie du disque par l’intermédiaire d’un concours, il semble à la fois amusé et perplexe: "J’ai été chanceux parce que c’est un ami à moi qui a envoyé mon démo à ma première compagnie de disques. Autrement, je ne suis pas certain que j’aurais pu performer tant que ça dans un concours où tout est contrôlé et où les artistes deviennent comme des rats de laboratoire. J’aurais peut-être pas été celui qui court le plus vite."

À écouter si vous aimez /
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