Claude Lamothe : Le son originel
Musique

Claude Lamothe : Le son originel

Le violoncelliste Claude Lamothe revient au Gesù par la grande porte, celle de l’église, pour un récital solo entièrement acoustique. Pur et dur.

On a pu voir Claude Lamothe au Gesù en juillet 2008, dans le cadre du Festival de jazz, mais c’était avec son trio; cette fois-ci, le violoncelliste nous promet quelque chose de bien différent: "D’abord, j’étais dans la salle au sous-sol pour ce concert. C’est d’ailleurs là que les gens du Gesù m’ont proposé de faire le spectacle de cette année. Lorsqu’on s’est revus pour discuter des détails, ils m’ont parlé de l’église du Gesù, et là, j’ai vu la possibilité d’un concert parfaitement acoustique; on laisse le micro dans son étui!" Voilà qui surprendra sans doute ceux qui connaissent Lamothe jouant d’un violoncelle électrique, mais ça pourrait être tout aussi… électrisant! "Dans les années 90, j’ai eu envie de rocker un peu plus, mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est de faire sonner le violoncelle, et là, je reviens à mes premières amours. Souvent, lorsque je m’amplifie, c’est simplement parce que nos salles de concerts ne sont pas faites pour des prestations acoustiques, donc c’est un compromis. Mais dans l’église, c’est une autre histoire!"

Dans une église avec un simple instrument acoustique… On est loin de celui que l’on a surnommé le Jimi Hendrix du violoncelle, non? "Ha… Ça, je commence à en avoir ma claque… C’est un journaliste français qui a sorti ça quand j’ai fait le Printemps de Bourges en 1995. J’avais passé dix ans à gagner ma vie avec un noeud papillon [en jouant avec I Musici de Montréal ou le Nouvel Ensemble Moderne], puis, j’ai eu envie de faire mes propres musiques, remplies de toutes sortes d’influences. Et après Bourges, je suis revenu ici avec l’étiquette "Hendrix" collée dans le front… C’est certain que le rock compte parmi mes influences, mais il y en a bien d’autres."

Au moment où il a choisi d’occuper le devant de la scène, dans les années 90, il n’y avait pas beaucoup d’exemples de violoncellistes solistes, outre dans le monde de la musique classique, bien sûr. Aujourd’hui, c’est différent (pensons à Jorane, par exemple). Lamothe explique: "Quand j’étudiais, je ne comprenais pas pourquoi le violoncelle ne prenait pas cette place-là, comme le violon ou la guitare. C’est vrai qu’il y a un risque à se lancer en solo, plutôt que de conserver la stabilité d’un emploi dans un ensemble. Il faut toujours se renouveler et… il faut aimer ça! Je donne des cours, je collabore avec toutes sortes de gens, c’est le mélange de tout ça qui m’attire. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend en 2010, mais c’est un risque que j’assume. Sinon, eh, bien, je n’avais qu’à rester assis dans la section des violoncelles!"

Le concert nous permettra d’entendre des pièces extraites des trois albums de Lamothe parus à ce jour (Cru, Nu et Vivace), ainsi que de nouvelles compositions et des "arrangements de pièces dont tout le monde connaît les thèmes". On se donne rendez-vous dans un an pour parler d’un nouveau disque…

À voir si vous aimez /
Matt Haimovitz, Jorane, Yuli Turovsky