Les Frères Lemay : Le bon vieux temps nouveau
Musique

Les Frères Lemay : Le bon vieux temps nouveau

Avec L’homme qui a vu l’ours, Les Frères Lemay remettent au goût du jour plusieurs classiques du répertoire folklorique québécois, en plus d’y ajouter quelques-unes de leurs propres compositions.

Ensemble ou séparément, on a vu Michel Lemay et son frère Dan dans une foule de bands rock ces dernières années, notamment Empreinte Galactique, La Menor Idea, Elvis Versa, Renzo!! et Horloge Grand-Père. On retrouve à présent Les Frères Lemay à la barre d’un groupe de musique traditionnelle, un univers qui est loin d’être nouveau pour eux.

"On baigne dans la musique traditionnelle depuis qu’on est tout petits, confie Michel. Les veillées du jour de l’An, c’était des soirées de chansons à répondre chez nous. C’est un truc qu’on aime super gros, c’est vraiment important pour nous autres. Et puis, bon an mal an, j’ai commencé à jouer de l’accordéon à pitons et plus récemment, il y a quatre ou cinq ans, j’ai appris le violon."

Dan étant aussi multi-instrumentiste, Les Frères Lemay se sont montrés capables de recréer toutes les sonorités qu’on associe à la musique folklorique québécoise à eux deux et avant longtemps, ils ne se sont plus limités à jouer des airs traditionnels dans la famille. "Ça fait des années qu’à chaque temps des Fêtes, on fait des spectacles dans les écoles, dans les bars, dans des partys corporatifs…" Qui plus est, à l’automne 2008, une tournée les a menés jusqu’en France et en Belgique. "On s’est rendu compte que la musique traditionnelle, ça passe bien ici au Québec, mais aussi en Europe."

C’est en revenant des vieux pays que Dan et Michel ont décidé de pousser le projet plus loin en enregistrant un album. Un an plus tard, ils sont maintenant prêts à nous présenter le fruit de leur labeur: L’homme qui a vu l’ours.

AU COEUR DU FOLKLORE

Regroupant 13 pièces, le premier disque des Frères Lemay comprend à la fois des classiques, des chansons plus obscures et des compositions originales. "Plusieurs des pièces ont rarement été enregistrées; d’autres l’ont été des dizaines de fois auparavant, mais on en fait des adaptations à notre sauce, souvent avec des refrains remodelés", résume Michel.

Cela s’inscrit parfaitement dans les pratiques habituelles des musiciens traditionnels. Le répertoire folklorique s’étant généralement transmis de bouche à oreille, il existe souvent une foule de variantes de chaque chanson. La première pièce de l’album des Frères Lemay, L’Irlandais, en est un bon exemple, comme l’explique Michel: "On a jumelé la version que notre oncle Maurice chantait, avec un refrain qu’il avait composé lui-même, à celle de ma grand-mère du côté des Boisvert, qui est la version plus standard."

Parmi les chansons moins connues qu’on trouve sur L’homme qui a vu l’ours, certaines ont été dénichées par Michel et Dan en allant sonder leurs concitoyens de Saint-Boniface. "On est allés rencontrer les gens du village, des aînés la plupart, qui ont un gros bagage folklorique. C’est ainsi qu’on a découvert des chansons qu’on ne connaissait pas du tout, et on en a mis quelques-unes sur l’album. Comme M’en revenant de la jolie Rochelle, c’est une chanson de Bernard Saint-Onge de Saint-Boniface, un monsieur qui nous a accueillis chez lui; on a passé un après-midi avec lui et on a découvert ses airs."

L’homme qui a vu l’ours a été enregistré dans le "studio de campagne" se trouvant chez Michel, qui apprécie beaucoup de pouvoir ainsi y avoir accès en tout temps: "C’est l’fun parce que ça te permet d’essayer toutes les possibilités, tous les trucs que t’entends dans ta tête et que tu veux réaliser."

Les Frères Lemay chantent et jouent de tous les instruments sur la majorité des chansons de l’album, mais ils ont quand même fait appel à quelques proches à l’occasion, notamment Baptiste Prud’homme, Céline Lemay et Mélanie Leblanc, qui font les choeurs sur certaines pièces. Le résultat est un irrésistible album de party, qui respire la bonne humeur et la franche camaraderie. "C’est aussi intéressant de faire du rock, mais le trad, ça a un petit quelque chose de spécial. C’est très proche des gens, il y a une grosse connexion qui s’établit entre nous et le public en spectacle. C’est ben participatif et c’est ben festif!" conclut Michel.

Les Frères Lemay
L’homme qui a vu l’ours
(Productions de la Clef)

À écouter si vous aimez /
Fred et Nicolas Pellerin, Les Tireux d’Roches, Yves Lambert