Marie-Nicole Lemieux : Règne européen
Musique

Marie-Nicole Lemieux : Règne européen

Marie-Nicole Lemieux conquiert l’Europe et s’apprête à lancer une production discographique prestigieuse. Saurons-nous l’honorer à sa juste valeur?

Au moment où l’on s’est entretenu avec Marie-Nicole Lemieux, la contralto visualisait son prochain séjour à Paris, où elle enregistrera un disque avec l’Orchestre national de France. Une production importante dans la carrière de l’interprète, qui s’anime en nous dévoilant le programme et les circonstances qui entourent la réalisation de ce nouvel opus. Elle y sera entourée d’un orchestre d’envergure et du Choeur de Radio France pour un programme d’airs et d’arias français qui réunira les compositeurs Henri Duparc, Camille Saint-Saëns, Hector Berlioz ainsi que d’autres exclusivités.

C’est grâce au 400e de Québec, révèle-t-elle, alors qu’un concert avait été organisé à Paris pour souligner l’anniversaire de notre ville en 2008. "Au moment de choisir le programme, je me suis dit: "Ça y est, on y va." J’ai choisi des airs français de Duparc et une aria de l’opéra Samson et Dalila de Saint-Saëns. Je n’avais pas interprété ces airs depuis trois ans! Depuis ce temps, j’ai constaté que les moyens ont augmenté, ma voix est mûre. Les personnes responsables de ma maison de disques (Naïve) étaient sur place et ce fut l’émoi! Ils ont chamboulé l’agenda de production et ils m’ont dit: "C’est une priorité, il faut absolument faire un disque avec ce répertoire, tu es prête!""

Une carte blanche pour la contralto qui se trouve en ce moment au sommet de son art. Non seulement la Québécoise a conquis la France, mais elle semble maintenant promise à l’Europe tout entière avec le Covent Garden, à Londres, qui lui ouvre ses portes, ainsi que le Staatsoper de Vienne. Tout ça grâce, entre autres, à un rôle, celui de Mistress Quickly dans l’opéra Falstaff de Verdi. "Ce rôle est parfaitement écrit, il est fait pour moi, c’est du bonbon! s’exclame-t-elle en riant. Ce personnage fait constamment partie de l’action. Elle mène le jeu! Ça, c’est génial! Ça m’a ouvert des portes: celles de Munich et ensuite Glyndebourne. Et maintenant celles de Covent Garden."

De retour chez elle pour le mois de décembre, elle se présente à nous avec un répertoire baroque qui réunit notamment quelques extraits du célèbre Oratorio de Noël de Bach. Enthousiaste à l’idée de revenir chanter devant les siens, elle ne peut toutefois s’empêcher d’écorcher le dernier Gala de l’ADISQ. "C’est à s’arracher les cheveux… Mais qui est responsable de ça?"

On s’entretient ici du Félix remis au chanteur Michaël, poulain du "chef de train" Josélito Michaud, qui s’est retrouvé dans la catégorie Album de l’année – Classique vocal… "Je pense aux autres artistes en nomination, à Shannon Mercer, Marianne Fiset et Karina Gauvin, entre autres. Ça me fait mal et c’est un manque de respect. Ce n’est pas la faute du public, ce n’est pas la faute de… Michaël. C’est la faute de l’ADISQ. Un tel résultat veut tout simplement dire que nous ne sommes pas importants pour eux. Comment peut-on comparer des oranges avec des bananes?"

À écouter si vous aimez /
Kathleen Ferrier, Ewa Podles et Marian Anderson