Flavie Jazz et tralala : Les choix de Flavie
Flavie Jazz et tralala bricole un premier EP, galette de parole et d’improvisation. Rencontre intense avec une chanteuse entière.
Sac à dos, sac de couchage, gamelle. Ployée sous son bagage, ce n’est pas une tortue qui entre dans un café du centre-ville, mais Flavie Dufour. "Je prends l’autobus après l’entrevue. Je m’en vais faire un stage de chants traditionnels du monde à Québec."
La dernière fois que l’on avait croisé son chemin, la leader au teint diaphane de Flavie Jazz et tralala ne jurait pourtant que par la bossa-nova. "À un moment donné, Flavie a commencé à s’épanouir et à se rendre compte qu’elle avait envie de jouer sur scène, que l’aspect théâtral était important pour elle. La bossa-nova, c’est pas ça pantoute, c’est très, très feutré. Je me suis mise à explorer les chants bulgares, géorgiens, un autre univers, nous raconte l’initiatrice du quatuor vocal Les Joueurs de source, qui se dédie à ce répertoire. Je ne sais pas ce qui se fait en musique au Québec, j’écoute des chants pygmées pour m’endormir le soir."
Les oreilles les plus sagaces entendront peut-être cette mosaïque d’influences ethniques sur le premier EP de quatre titres du trio qu’elle forme avec Benoît Converset (contrebasse) et Guillaume Gilbert (guitare). Personne ne pourra cependant passer outre à l’apport du slam. Flavie, incidemment, remportait en septembre dernier une des soirées du Tremplin. Une scène où il fait bon enfin délester ses calepins: "J’ai toujours voulu faire des chansons couplet-refrain, mais ça ne marchait pas. Ma façon de créer, c’est plus l’écriture automatique, la prose. C’était pas chantable mon affaire. Quand je suis allée au slam, j’ai pensé: "Tabarnouche, j’en aurais des textes à dire ici." Finalement, je me suis rendu compte qu’il y avait une autre façon de faire. Ça a éclaté!"
IMPROVISATION MIXTE
Loin des standards de jazz qu’il interprétait sagement à ses débuts, Flavie Jazz et tralala justifie désormais son nom en mettant sur la table un parcours académique jazzistique et un penchant pour l’improvisation. "Le jazz, c’est de la musique métissée. Notre âme et nos oreilles en sont très inspirées. Avant d’enregistrer Forestale Florale, je ne savais que mon texte. Moi, je pars dans quelque chose et les gars me suivent", nous apprend celle qui reprend Barbara et louange la folie d’une Brigitte Fontaine.
Le "tralala", lui, viendrait contrebalancer l’aura austère de la musique bleue, "pour ne pas se prendre au sérieux". Et selon Converset, le terme décrit le personnage de scène d’ingénue de Flavie, dont on fait l’intense rencontre sur Pourquoi tu chantes?
"Je ne sais pas si tu es conscient que c’est du dévoilement et de la vulnérabilité totale cette chanson-là. Après l’avoir faite pour la première fois, je me sentais toute nue. J’avais tout exposé, mes beaux côtés comme mes laids, toute ma fragilité. Sur scène, je ne suis pas un personnage, non, je suis moi. Je dis que je chante souvent faux. Fausser, c’est être vrai."
Flavie Jazz et tralala
Éponyme
(Indépendant)
À écouter si vous aimez /
Mathieu Lippé, Barbara, Guillaume Arsenault