Michael Kaeshammer : Pas de bubble gum
Musique

Michael Kaeshammer : Pas de bubble gum

Michael Kaeshammer ne fait pas dans la sérénade, mais il apprivoise le bonheur. Ne vous en faites pas, il ne fait pas un Buble de lui-même.

Il a tout pour incarner ce crooner sympathique, un peu iconoclaste et porté sur le flirt. Peut-être même aurait-il tout ce qu’il faut pour devenir un nouveau Michael Buble. Mais ce serait occulter le fait que Michael Kaeshammer est avant tout un pianiste virtuose qui s’est distingué avec le boogie-woogie. Un style éclatant, très proche du blues et du ragtime, qui implique un sens de l’improvisation aiguisé.

Avec Lovelight, un sixième disque en carrière après l’excellent Days Like These, on pourrait croire qu’il a voulu casser définitivement cette image de virtuose au profit de celle du romantique. Du moins si on s’attarde à une chanson telle qu’Isabelle, une ballade qui nous pousse à l’interroger sur sa direction artistique.

"C’est l’album le plus personnel que j’ai fait jusqu’à maintenant, avoue-t-il. Isabelle, c’est nouveau pour moi, mais je n’ai pas trouvé ça risqué de l’inclure sur ce disque. Au moment de choisir les pièces pour Lovelight, je n’ai jamais pensé à un son en particulier. En les interprétant avec mon groupe, je me fiais à mon instinct. Si une chanson marchait bien et que j’avais du plaisir à la faire avec eux, je la gardais. C’est le même groupe de musiciens qui m’accompagne depuis le début de cette aventure. Je crois que c’est ça qui détermine la cohérence de ce disque."

En creusant un peu plus, on se rend bien compte que Kaeshammer n’a rien perdu de ses racines. C’est plutôt la vie qui s’est chargée de lui faire connaître… le bonheur. "Je suis très heureux en ce moment dans ma vie. Je me sens bien. C’est ce qui s’exprime dans ces compositions. Lorsque tu vis une période de bien-être, tu continues de travailler, mais la vie est beaucoup plus simple. Tu rencontres quelqu’un, et puis ça y est. Enfin!"

Nina Simone le disait si bien: "C’est seulement un feeling… Comment décrire à quelqu’un ce que c’est de tomber amoureux? C’est impossible. Tu le sais, c’est tout. C’est ça la liberté." Michael Kaeshammer s’en est souvenu et a repris I Wish I Knew (How It Would Feel To Be Free), une composition de Billy Taylor que Simone a immortalisée. "Lorsque tu entends sa voix sur cette chanson, tu te rends bien compte que c’est exceptionnel. Je me suis limité à une version instrumentale, Nina s’est chargée du reste bien avant moi."

Mentionnons aussi cette autre reprise, Glory of Love de Billy Hill, une chanson à saveur country, dans laquelle la voix de Kaeshammer nous fait penser à Elvis Costello. Ou encore Cupid, de Sam Cooke, savamment revisitée et qui ne donne pas dans la caricature. "Ce serait impossible de vouloir imiter l’original. Mais je suis un grand fan de Sam Cooke. Il y a beaucoup de chansons que j’aime reprendre pour m’amuser, seul chez moi au piano. Je les interprète parfois lors des tests de son. Par la suite, elles deviennent incontournables pour le groupe et je les joue en spectacle. Tout naturellement." Seulement une question de feeling.

À écouter si vous aimez /
Jami Cullum, Jelly Roll Morton, Harry Connick Jr.