Olivier Brousseau : Anti-pop des bois
En optant pour le folk, celui des rangs de campagne et des fonds de bouteilles, Olivier Brousseau a gagné le pari de toucher de nouveaux publics tout en n’en faisant qu’à sa tête.
D’emblée, on met en marche le petit enregistreur numérique une fois assis en compagnie d’Olivier Brousseau pour jaser du nouveau spectacle qu’il vient présenter au Vieux Clocher de Sherbrooke. Visiblement, il est rassuré. Le Sherbrookois nous raconte alors quelques anecdotes d’entrevues données à des journalistes qui ont la mémoire défaillante quand vient le temps de rapporter une citation. "J’étais à l’université et ça faisait plusieurs fois qu’on jouait au bar étudiant. On était tout le band et le journaliste nous demande: "Crime, vous devez commencer à être populaires sur le campus?" Tsé, tu veux pas répondre "Ben oui, chu populaire", voyons… C’est moi qui réponds qu’il y a de plus en plus de monde qui vient nous voir jouer. On lit le journal et c’est écrit: "Nous avons beaucoup de fans ici à l’université", et la citation est attribuée à mon musicien Isaël McIntyre! (rires)" Étant bon prince, on ne mentionnera pas le média en question…
NOUVEAU COUNTRY
Avec quatre albums dans le baluchon, dont Les Bottines ben attachées lancé l’été dernier, il est loin, le passé étudiant d’Olivier Brousseau… Et l’auteur-compositeur-interprète ne se formalise plus trop de l’image qu’il peut projeter. Aujourd’hui, il se concentre sur son art, mais sans perdre de vue l’importance de faire voguer ses chansons jusqu’aux bonnes oreilles. "Pour ce disque, j’ai eu d’excellents retours à l’échelle nationale", lance-t-il. L’accueil fut effectivement très chaleureux pour cet enregistrement qui prend racine dans l’héritage de Nashville et du folklore québécois, notamment à Espace Musique, la station musicale de Radio-Canada. "On y fait beaucoup jouer l’album. C’est drôle parce que j’ai souvent des amis d’un peu partout qui me disent avoir entendu telle ou telle chanson à la radio."
De plus, un étonnant public s’est intéressé au nouveau son de Brousseau: les lovers du country. "Moi, je ne suis pas country si je me compare à des artistes qui ne font que ça, mais en faisant du folk, j’y touche. Les instruments, les harmonies vocales, tout ça peut les rejoindre." Il s’agit peut-être là d’une lucrative avenue, mais ne comptez pas sur le chansonnier (un titre qui ne l’offusque pas) pour emprunter des chemins de traverse. Pour lui, il est plus valorisant de durer que de percer. "Parfois, j’aimerais que ça évolue plus rapidement, mais quand je regarde ce que j’ai parcouru depuis 10 ans, je me rends compte de l’évolution. Si ça progresse de même pour les 10 prochaines années, j’vais être content."
RENDEZ-VOUS FOLK
Ayant mis de côté ses influences world, Olivier Brousseau peaufine ces jours-ci un show fidèle au disque Les Bottines ben attachées. "Cet album me permet d’embarquer sur un terrain différent. Ça m’amène à monter un spectacle complètement folk." Autour d’Olivier, on retrouvera un "tapeux de pieds" (Isaël McIntyre) qui remplace la batterie, un contrebassiste (Benoit Marquis) et un guitariste (Mathieu Perreault) qui empoigne aussi le banjo et la Dobro à l’occasion. "Ça reste très festif. C’est de la chanson avec une couleur trad."
Pour la bande, le spectacle du Vieux Clocher constitue un retour sur scène officiel mais, Olivier Brousseau étant un citoyen impliqué, quelques prestations impromptues ont tout de même récemment été données ici et là, pour de bonnes causes. "Pendant longtemps, j’ai été identifié comme celui qui voulait toujours faire des spectacles-bénéfice. Je me faisais tout le temps appeler par des groupes qui partaient en stage quelque part. Là, j’ai appris à doser…"
Cette fois, oublions les titres de porte-parole de ceci ou de cela, et laissons place à l’artiste, celui qu’il faut bien citer car il a de bonnes histoires à conter.
À écouter si vous aimez /
Les Charbonniers de l’Enfer, Fred Fortin, Florent Vollant