Patrick Watson : Rendez-vous avec la grâce
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Patrick Watson : Rendez-vous avec la grâce

Batteur de la formation Patrick Watson, Robbie Kuster revient sur les événements qui ont marqué le groupe en 2009: la parution du magnifique Wooden Arms, le concert au Festival de jazz ainsi que les derniers galas GAMIQ et ADISQ.

Lisbonne, Portugal. Joint au téléphone à la fin d’un périple de cinq semaines en Europe, le percussionniste Robbie Kuster sort à peine de scène après un test de son plus long que prévu. Devant lui, une salle vide dans laquelle s’entasseront 600 âmes pour vibrer au son des envolées oniriques de Wooden Arms lancé par Patrick Watson en avril dernier.

Cent fois supérieur au précédent Close to Paradise, un compact encore trop collé à la pop britannique pour réellement se distinguer, Wooden Arms a permis à la formation montréalaise de consolider sa position sur la scène internationale en plus de soulever les passions: celles de nombreux journalistes en pâmoison, qui voient chez Patrick Watson un quatuor pop audacieux, touché par la grâce, et celles de scribes repoussés par son caractère expérimental. "En lançant Wooden Arms, nous étions conscients qu’il était plus difficile à digérer que Close to Paradise, mais je préfère avoir des réactions extrêmes, rencontrer des gens qui aiment en malades et d’autres qui détestent carrément. C’est la preuve qu’on a trouvé une direction bien personnelle qui, forcément, ne peut pas plaire à tout le monde", analyse Robbie.

De toute évidence, le disque a plu au jury du dernier Gala de l’alternative musicale indépendante du Québec (GAMIQ), lors duquel le groupe a remporté les honneurs dans les cinq catégories pour lesquelles il était en lice. Un mois plus tard, le groupe était couronné à l’ADISQ dans les catégories Disque de l’année anglophone et Arrangeur de l’année, sans oublier la présence de Patrick Watson, le chanteur, lors du grand gala du dimanche soir. Un double rayonnement qui a relancé le débat sur la pertinence d’un GAMIQ qui récompense des artistes aussi présents à l’ADISQ. Robbie Kuster ne cache pas son malaise. "Il y a une zone floue entre le terrain du GAMIQ et celui de l’ADISQ. Pour être honnête, j’étais vraiment mal à l’aise au GAMIQ. En gagnant tous les prix pour lesquels nous étions en nomination, nous passions constamment devant des artistes que j’aime (Marie-Pierre Arthur, Malajube). J’étais gêné. La musique n’est pas une compétition. D’un autre côté, c’est certain que ça fait plaisir d’être récompensé, et si les gens du GAMIQ veulent nous mettre en nomination dans le futur, nous ne refuserons pas. C’est à eux de tracer la ligne entre les deux galas."

Après un concert remarqué lors du dernier Festival international de jazz de Montréal, un grand événement extérieur marqué par une mise en scène ambitieuse (pyrotechnie, chansons jouées dans la foule), la formation revient pour la première fois sur les planches de la métropole. Comment surprendre la foule à nouveau? "J’avoue que la barre est haute, lance le percussionniste. Le concert au jazz est sans doute notre plus beau moment de l’année, mais depuis, nous avons compris que plutôt que de se produire devant des foules de plus en plus grosses, on préférait jouer dans de plus petites salles et mettre l’accent sur une mise en scène exceptionnelle. Garder un contact intime avec le public tout en lui en mettant plein la gueule. On a réussi le coup cet été à La Cigale de Paris, on va vous refaire le coup au Métropolis."

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