The Balconies : Les amants du pavillon Pérez
Musique

The Balconies : Les amants du pavillon Pérez

Le trio The Balconies lançait en septembre dernier l’un des albums les plus acclamés de l’année par la presse musicale canadienne. Petite histoire d’une formation qui voit grand.

Boy meets girl, boy falls in love. Boy and girl start a band… Un scénario qu’on aura vu mille fois. Une histoire banale, mais porteuse d’une énergie créatrice peu commune, celle du couple musical. Si l’histoire nous a appris que, dans les meilleurs cas, la relation homme-femme au sein d’une formation peut susciter chefs-d’oeuvre et bonheurs, elle peut cependant se révéler tant destructrice qu’éphémère. Quoi qu’il en soit, pour le trio ottavien The Balconies – élu par les lecteurs de l’Ottawa Xpress meilleur groupe rock-pop-dance, meilleur nouveau groupe et auteur du meilleur album rock-pop-dance de l’année au Best of 2009 -, cette histoire, peu importe son dénouement futur, c’est la sienne.

Pour toujours, Liam et Jacquie

Il y a quatre ans, le jeune guitariste classique Liam Jaeger traînassait dans les corridors du pavillon Pérez de l’Université d’Ottawa. Il y fit la rencontre de la violoniste alto Jacquie Neville. Le courant passa; la musique se fit entendre. Grâce à elle, Jaeger s’intéressa à nouveau au rock’n’roll. "Elle m’a donné le goût de faire partie d’un band, affirme Liam à propos de sa petite amie Jacquie. Pendant deux ans, on a joué dans deux formations différentes, elle dans Jetplanes of Abraham et moi dans For the Mathematics." Ces années ont permis à Neville et Jaeger, tous deux auteurs-compositeurs, de jongler avec l’idée de former leur propre groupe. "Au départ, nous étions extrêmement hésitants. Former un band ensemble alors que nous sommes un couple aurait pu créer des tensions et envenimer les choses. C’est pourquoi on a décidé d’attendre un peu. Finalement, on a réalisé que faire de la musique ensemble était la meilleure option puisque Liam et moi, c’est pour toujours!" soutient une Jacquie Neville visiblement toujours amoureuse.

Bonheurs juvéniles

C’est ainsi que Jacquie, à la guitare et au chant, et Liam, à la batterie et au chant, ont recruté le frère de Jacquie, le bassiste et chanteur Steven Neville, pour compléter le trio, qui s’est rapidement démarqué sur la scène musicale d’Ottawa par son énergie à l’état brut et ses compositions saisissantes. Un an plus tard, les trois musiciens débutent l’enregistrement d’un premier album qui, depuis sa parution en septembre dernier, fait l’objet d’une critique dithyrambique à la grandeur du pays, certains le plaçant même parmi les meilleurs de la cuvée 2009 (le site iheartmusic.com). Si, sous leurs airs de mannequins d’American Apparel, les membres de The Balconies laissaient présager en surface un feu de paille au succès équivoque, ce qu’ils ont couché sur ce premier album suggère plutôt une réflexion exemplaire sur l’écriture pop.

Cet album éponyme – 11 pièces de guitare-pop d’une efficacité redoutable, où les chanteurs et la chanteuse se relaient au fil des pièces, empruntant des chemins mélodiques ingénieux – témoigne d’une innocence pleinement assumée, admet Jaeger. "On voulait que notre premier album soit varié et accrocheur sans toutefois être linéaire et homogène. Ce qu’on voulait surtout, c’était saisir ce plaisir presque adolescent qu’on a à faire de la musique. Il faudra faire attention plus tard pour ne pas perdre cette fraîcheur extrêmement naïve." Sous son éclectisme (des sonorités à la Blondie, Pavement, Eisley, The Kinks et The Tuesdays se font entendre ici et là), les chansons de The Balconies apportent des couleurs aux champs lexicaux tant personnels qu’universels. "Ça ne me fait pas peur d’aborder des trucs qui me collent à la peau. Ces sujets personnels rendent les chansons plus vraies. Bizarrement, Steven et moi avons plusieurs chansons sur l’album qui traitent du sommeil: le manque, les rêves…" note Jacquie.

Hélas, The Balconies, récemment réimplanté dans la Ville Reine – "les occasions décuplées, les endroits de diffusion et la scène permettront une meilleure évolution", soutient Jaeger -, n’est pas le premier band indépendant à vouloir percer au Canada. Il succède aux Mother Mother et The Wooden Sky de ce pays qui, tout en ayant les meilleures intentions du monde, se battent pour la même place au soleil. Est-ce que le trio saura tirer son épingle du jeu? "Un jour, oui, sûrement, finit par répondre Jacquie Neville, une fébrilité tangible dans la voix. On le souhaite plus que tout. Chaque jour, on s’exerce à nos instruments, on lit sur la musique, on se "challenge". On veut s’améliorer et être de meilleurs musiciens. You need to find your individuality, et c’est ce qu’on s’attarde à faire."

À écouter si vous aimez / Blondie, Velvet Underground et The Beach Boys