Trans Musicales de Rennes : Trans en danse
La 31e édition des Trans Musicales de Rennes a encore une fois proposé son lot de découvertes. Certaines qu’on retiendra, d’autres non. Retour sur trois jours de musique non-stop.
D’une année à l’autre au début du mois de décembre, les Trans Musicales se font un point d’honneur de présenter une pléiade d’artistes pour la plupart inconnus en dehors d’un petit cercle d’initiés. Ainsi, il est possible d’y voir des groupes dont on parlera dans quelques mois ou quelques années, ou pas du tout. Nirvana y a joué (tout comme Björk, Portishead et Jamiroquai, entre autres), mais les Messer Chups aussi. L’un est devenu ce que l’on sait alors que l’autre est demeuré un secret bien gardé. Cela dit, ce n’est pas l’objectif des Trans que de dénicher le next big thing. Non, l’événement, dirigé par Jean-Louis Brossard et Béatrice Macé, se veut surtout un point de rencontre non seulement pour de nombreux musiciens, mais aussi pour les journalistes, programmateurs de festivals, tourneurs, labels, agents d’artistes, éditeurs, promoteurs et tutti quanti. La plupart y viennent pour la musique et établir des contacts, tous y viennent pour la fête.
Le Québec? Présent.
Du nombre des artistes présents, c’est le nom de Beast, en concert avec Abraham Inc. (nouveau projet de Socalled), que tout le monde a retenu. Voilà qui devrait faciliter la tâche au groupe montréalais qui commence néanmoins à faire parler de lui en Europe. Car un passage réussi aux Trans ouvre bien des portes. Betty Bonifassi en sait quelque chose, elle qui a déjà vécu l’expérience avec Champion en 2006. "Les retombées sont énormes. Si on arrive à se faire remarquer aux Trans, ça ouvre les portes pour les autres festivals partout en Europe", m’expliquait la chanteuse peu avant son concert du 3 décembre. "Les Trans Musicales, c’est un petit peu ce qui fait la pluie et le beau temps sur l’univers musical français et européen pour l’année qui va suivre. C’est le dernier festival de l’année 2009 mais c’est en quelque sorte le premier de 2010. Donc, beaucoup d’artistes émergents vont se faire entendre l’année prochaine s’ils se font remarquer ici,. Les Trans, ce sont des découvertes et beaucoup de rencontres."
La cuvée 2009
Aux Trans, il est évidemment impossible d’assister à tous les spectacles. Donc, selon ce que nous avons pu voir ou les rumeurs favorables qui circulaient lors du festival, voici quelques noms à retenir parmi la quasi-centaine d’artistes présents à cette 31e édition.
À mon humble avis, le clou des Trans fut Slow Joe & The Ginger Incident. Imaginez un groupe de rock français proche des Doors qui appuie un vieux crooner indien – ex-toxico – sur le retour. Ça donne un mélange aussi improbable que frais et différent. Ensuite, je nommerais The Very Best. Ce sound system du Malawi aux ramifications franco-suédoises peut quelquefois tomber dans le cheesy Club Med, mais quand il pousse les basses dub sur des rythmes électro-africains, on embarque très vite! De leur côté, les Suédois de Fever Ray, comme ils l’avaient si bien fait au Métropolis il y a quelques mois, ont littéralement envoûté la foule avec leur musique sombre, leurs costumes étranges et leurs jeux de lumières impressionnants. Idem pour Jessie Evans. L’inqualifiable chanteuse américaine exilée à Berlin a dévoilé des chansons pop expérimentales un peu rétro et un peu avant-gardistes uniques en leur genre. The Narcicyst a aussi créé un petit buzz. D’origine irakienne mais ayant vécu à Dubaï avant de migrer vers Montréal, le rappeur-journaliste incorpore instruments et sonorités de son pays à ses grooves hip-hop et à ses textes à saveur sociopolitique et humaniste. Dans un registre plus "rétro", Rodriguez fait mouche. Cet authentique rescapé des années 60 à moitié aveugle a livré un concert vraiment agréable. Son rock à fleurs n’a pas pris une ride! Le musclé mélange de hip-hop / rock à la Beastie Boys-Urban Dance Squad-RATM et de grunge / alterno à la Nirvana-Pixies de The Politics n’est pas passé inaperçu aux Trans. Avec ses refrains accrocheurs et une bonne présence scénique, le trio danois devrait logiquement trouver plus d’une oreille attentive à sa mixture.
Maintenant, va savoir si ce sont ces artistes ou d’autres qui me sont passés sous le nez, ou ne m’ont pas impressionné, qui tireront leur épingle du jeu. Une chose est certaine cependant: que ça passe ou que ça casse, les Trans sont un festival où l’émergence aura toujours sa place. Un rendez-vous incontournable pour les curieux et les défricheurs.
Pour un compte rendu plus détaillé, consultez les billets sur les Trans Musicales sur le blogue Sonique rendez-vous.