Le Matos : Courir à point
Musique

Le Matos : Courir à point

Le trio électronique Le Matos croit que sa lenteur à accoucher d’un premier album est pour le mieux.

2007. Commotion sur les dancefloors montréalais: le Québec, habituellement un peu lent (restons poli) à accoter les tendances musicales mondiales, abrite un contemporain aux Justice, Simian Mobile Disco et autres artisans de la nouvelle mouvance électro-house, le trio montréalais Le Matos. Découvert via un excellent remix de Prends une photo avec moi d’Omnikrom, le combo empile sur son MySpace des tracks musclées et mélodiques qui n’ont rien à envier à celles des vedettes de l’heure et peut, contrairement à ces dernières, vous livrer ça live pour vrai de vrai, à l’aide d’un imposant arsenal de machines, avec en prime des projections et autres bonbons visuels. Rumeurs d’albums à venir. Ça va être gros.

2009, bientôt 2010. Justice est à la veille de jouer au Beach Club de Pointe-Calumet et toujours pas d’album du Matos à l’horizon… WTF? "Cette fois, c’est vrai, le processus est enclenché", jure Jean-Philippe Bernier, soulignant toutefois que le groupe n’a toujours pas encore de contrat de disque et a assez peu de musique de prête. Mais au moins, les dispositions sont là. "Le band, c’est vraiment une affaire de passion et on veut y mettre l’énergie nécessaire. C’est pour ça que c’est long: dernièrement, on n’en a pas eu énormément, avec notre travail et tout. Ce n’est pas parce qu’on est capricieux…"

Aussi, le trio est passablement sollicité pour effectuer des remix, un à-côté qu’il prend avec le même sérieux que tout le reste. "Un remix nous donne la chance de jammer avec un chanteur qui n’est pas là", illustre Bernier, précisant que la voix est généralement le seul élément que le groupe garde du morceau qu’il retouche. "Tu peux aller dans une direction que tu ne prendrais pas nécessairement pour tes trucs, oser, te sentir moins gêné… Ça nous a permis de faire des choses plus hard, comme ce qu’on a fait avec Omnikrom, ou encore plus smooth, comme avec Coeur de pirate. Ça nous a permis de nous trouver un peu, là-dedans, d’expérimenter et de trouver la direction qu’on veut vraiment prendre." Plus récemment, Le Matos signait des refontes pour We Have Band et Delphic.

Selon Bernier, cette phase exploratoire va possiblement servir davantage Le Matos que si le groupe avait lancé ses premières productions dès ses débuts, dans lequel cas on aurait eu davantage droit, quant à lui, à un "ramassis". Bernier estime aussi qu’à force de jouer live, le groupe a évolué vers un style de composition plus organique, comparable à celui d’un "vrai band", et que Le Matos donne désormais dans un son "moins club".

La question à cent piastres est maintenant de savoir si, en ne profitant pas de la vague électro-house, Le Matos a manqué le bateau. "C’est sûr qu’on y pense tout le temps. La musique, ça se consomme et ça change tellement vite… T’écoutes un artiste et puis tu changes tout de suite… Je fais pareil! Je pense que justement, si on avait sorti de quoi avant, la même chose aurait risqué de nous arriver. D’attendre tout ce temps-là va nous permettre de lancer un album qui correspond davantage à notre univers."

À voir/écouter si vous aimez /
Justice, Daft Punk, Boys Noize