Les Chauffeurs à pieds : Ça va chauffer
Musique

Les Chauffeurs à pieds : Ça va chauffer

Les Chauffeurs à pieds ont fait de leur parcours une aventure musicale qui repose avant tout sur l’amitié et l’amour d’un répertoire. Maintenant, place à la fête!

C’est maintenant une tradition chez Les Chauffeurs à pieds: le groupe nous offre sa "veillée du temps des Fêtes". Une réunion annuelle et conviviale. Il répète cette expérience depuis plusieurs années pour célébrer à fond dans son patelin: Québec. Pour 2009, les quatre musiciens de la formation ont invité le groupe Le Rêve du Diable, fondé en 1974 et devenu un incontournable de la musique traditionnelle au Québec, à venir célébrer avec eux.

"Nous avions fait un concert avec Le Rêve à Saint-Bernard-de-Michaudville, dans une église, lors du festival Chantez-vous bien chez nous il n’y a pas si longtemps, se rappelle Benoît Fortier (voix, flûtes, harmonica et cor français). On avait fini ce concert avec un gros jam, les huit musiciens ensemble. Le concept de la veillée au Cercle, ça va ressembler à ça. Ce sera la fête."

Pour sa part, Antoine Gauthier (voix, violon et mandoline) remarque certaines affinités entre les deux formations. "Je ne sais pas si c’est le bon terme, mais il y a un côté garage dans leurs interprétations; on aime bien ça. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de beaux arrangements, mais ils ont quelque chose de râpeux dans leur son."

"Moi, ce que j’aime du Rêve du Diable, c’est qu’on ne s’emmerde pas entre leurs chansons non plus", indique en riant Louis-Simon Lemieux, le violoneux de naissance et de père en fils du groupe, de retour après trois ans d’absence. "Ils ont le don d’animer une foule."

Pour sa part, le quatuor Les Chauffeurs à pieds, complété par le guitariste Olivier Soucy, oeuvre sur la scène québécoise et à l’international depuis 1998. Au fil de six albums, dont le dernier, Partons allons, a récolté une nomination à l’ADISQ en 2008, il a géré ce parcours avec un désir d’indépendance avoué. À la tête des disques Scorbut, Antoine Gauthier a rapidement su prendre en main la gestion du groupe, dont la direction artistique est sans compromis.

"On a toujours eu un côté exploratoire, souligne-t-il. On explore surtout sur le plan des textures et des sonorités. Benoît, avec sa formation classique, est très fort dans la conception des harmonies vocales. On aime varier notre répertoire: des pièces en 6/8, en 2/4 évidemment, des valses et des complaintes. Des chansons à répondre et des chansons à boire. Au travers de tout ça, on essaie de jouer avec les tempos et de se renouveler. Par exemple, avec les complaintes, on se donne beaucoup de liberté. C’est une forme de chanson qui nous donne plus d’espace. En général, on n’a pas le sentiment d’avoir des impératifs absolus. Surtout pas d’impératifs commerciaux. On n’a jamais voulu être populaires avant tout. Nous, on fait simplement la musique qu’on aime."

L’ensemble s’est même permis une production "hors série" avec un cinquième disque intitulé Au studio des trois lits. Une forme d’exercice de synthèse sur les formes d’interprétation en musique traditionnelle. "C’est un disque maison, enregistré chez Louis-Simon, indique Antoine Gauthier. Un album de cuisine, si tu veux. Il est entièrement instrumental. C’est pratiquement fait pour les musiciens. D’ailleurs, c’est juste des musiciens qui l’écoutent! C’est pour ceux qui s’intéressent à ce répertoire et qui veulent entendre les ornementations de façon précise. Entendre comment on travaille le son et le swing pour chaque instrument. En groupe, c’est différent. C’est le son d’ensemble qui prime. Avec ce disque, nous avons fait des solistes de nous-mêmes."

Avec le temps, les collaborations sur scène se sont multipliées. Outre Le Rêve du Diable et Genticorum, rencontré dans le circuit des festivals internationaux, le groupe a invité le chanteur Gilles Vigneault sur son dernier disque. Mais il y a aussi Richard Desjardins, que nous pouvons entendre sur l’album Déjeuner canadien. Une expérience que Les Chauffeurs ne sont pas près d’oublier. "Il avait choisi Pingo Bélo, se rappelle Antoine Gauthier. C’est une vieille chanson traditionnelle qui commence par: Mademoiselle, je suis jardinier. Non seulement il s’appelle Desjardins, mais ce qui est fabuleux, c’est qu’il est surtout un apôtre des forêts au Québec. On trouvait ça symbolique. On lui avait demandé de turluter. Il n’était pas vraiment habitué de faire ça. C’était intéressant de le faire sortir de sa zone de confort. On se sentait même heureux et privilégiés de pouvoir montrer quelque chose à un grand poète et un grand musicien comme lui."

À écouter si vous aimez /
Les Charbonniers de l’Enfer, Le Vent du Nord et Genticorum