Mononc' Serge / Anonymus : Musique du diable
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Mononc’ Serge / Anonymus : Musique du diable

Un an après la parution de Musique barbare, leur second album commun, Mononc’ Serge et Anonymus continuent d’enchaîner les concerts.

Quand Mononc’ Serge et les membres d’Anonymus – composé des frères Oscar et Daniel Souto, de Carlos Arayas et de Jef Fortin – ont repris chacun leur route après la tournée de L’Académie du massacre, ils ne savaient pas qu’ils allaient un jour remonter sur scène ensemble: "On s’était dit qu’on verrait en temps et lieu. Cela dit, depuis trois ans, chaque fois que je donne un concert, on me demande si j’ai des projets avec les gars. Ça me travaillait donc un petit peu, puis l’an passé, à la fin de l’été, en rassemblant quelques morceaux que j’avais dans mes tiroirs, j’ai réalisé que j’avais une masse critique de chansons qui pouvaient se prêter à un accompagnement plus métal", explique celui qui garde un excellent souvenir de sa collaboration avec la formation thrash métal.

Le chanteur avait aussi très envie de lancer un album plus homogène que Serge blanc d’Amérique, paru en 2006: "Je le trouvais un peu disparate, alors, tant qu’à avoir des morceaux plus heavy, j’ai demandé à Anonymus s’il avait envie d’en faire un autre." Mononc’ Serge a ensuite soumis au groupe, qui a lancé l’album Chapter Chaos Begin en 2006, un paquet de chansons inédites qu’ils ont travaillées chacun de leur côté avant de se réunir pour les finaliser: "On a procédé de la même façon avec L’Académie du massacre. Je leur envoyais des démos ou ils choisissaient des morceaux de mes premiers albums qu’ils arrangeaient à la façon Anonymus", déclare Mononc’ Serge en précisant que la création de Musique barbare s’est avérée plus difficile: "Pour L’Académie du massacre, on avait déjà la plupart des chansons, tandis que pour Musique barbare, on partait de zéro. Il fallait écrire des chansons, les structurer, puis composer des textes", énumère le chanteur. "La première fois, le projet s’est fait tout seul. Je ne sentais aucune pression parce que c’était une espèce d’à-côté, et je m’attendais à ce que L’Académie du massacre fonctionne moins bien que mes albums réguliers, mais c’est le contraire qui s’est produit. C’est l’album qui s’est le plus vendu", note-t-il.

Cette fois-ci, Mononc’ Serge ne s’en prend à aucune personnalité publique dans ses textes: "Je ne suis plus dans ce créneau-là", fait-il remarquer. Il suffit par contre de visionner le clip de la chanson Pas pire ou celui du Rejet pour comprendre que la dérision et la provocation sont toujours au rendez-vous. Les titres J’pue pas, j’sens l’punk, Tout le monde se crisse de Mononc’ Serge, Sous-marin brun, René Lévesque et Un clown pour grand-papa sont également plutôt évocateurs. Mais que les fans se rassurent, les incontournables Maman Dion, Les Patates et L’Âge de bière vont toujours avoir une belle place dans le répertoire de Mononc’ Serge et Anonymus.

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APPRIVOISER LA BÊTE

La machine est en marche. Mononc’ Serge a revêtu le smoking du chef d’orchestre pour diriger, à coups de baguette bien placés, l’orchestre Anonymus, qui est appelé à se déchaîner sans aucune retenue. En parfaite harmonie, deux univers se rencontrent à nouveau sur la scène pour offrir une overdose de décibels et d’absurde. "Habituellement, les shows de métal, c’est plus négatif, constate maestro Serge. Le monde slamme et c’est assez dark comme atmosphère. C’est très lourd et le sérieux règne. Nous, c’est le délire total. Les paroles sont dites sur un ton agressif. C’est acide et c’est vulgaire, mais il n’y a rien de sérieux. C’est assez drôle de voir le monde slammer dans un tel contexte."
Au départ chansonnier aux textes humoristiques et dénonciateurs, le chanteur se souvient encore du moment précis où son public s’est radicalement transformé. "Avec la chanson Marijuana, tout a changé, se rappelle-t-il. Avant, j’étais un chansonnier et je correspondais au public des radios communautaires et même de Radio-Canada. Après avoir sorti cette chanson, je me suis ramassé avec un public de brosseux et de punks qui voulaient se défouler. Je suis devenu underground. Disons que ça fesse. Tu es en train de faire un spectacle solo avec ta guitare et tu te mets à parler entre les chansons… Le monde continue de slammer pareil ou ça gueule n’importe quoi. Aujourd’hui, les gens voudraient parler pendant les tounes, ils ne peuvent pas. On joue trop fort! Anonymus, c’est un rouleau compresseur qui écrase tout." Douce vengeance. (A. Léveillée)