Caracol : Construire sur du solide
Armée de son ukulélé, Caracol chante en harmonie avec un tout nouveau public, joyeusement bigarré.
En 2007, Carole Facal a conclu l’épisode DobaCaracol (duo world pop québécois qui, toutes proportions gardées, a connu un immense succès) pour emprunter un nouveau chemin artistique. "Plein de gens me demandaient si j’avais peur et me disaient que je prenais des risques en arrêtant un projet qui fonctionnait bien. Pourtant, pour moi, c’était une évidence."
Ainsi, l’étiquette world a pris le bord au profit de chansons aux composantes de folk, d’indie-pop et de rocksteady, avec de splendides harmonies vocales. Seule la voix voyageuse de celle qui se surnomme Caracol peut rappeler son "lourd passé" de dreads et de djembé. "Je ne me suis pas posé de question en faisant cet album, explique-t-elle. Ma seule attente était de me satisfaire moi-même, mais le reste a suivi."
Comme pour lui confirmer qu’elle avait fait le bon choix, plusieurs distinctions ont célébré le nouveau projet musical de Caracol depuis la sortie de son premier album solo, L’Arbre aux parfums, à l’été 2008, dont le Prix des diffuseurs européens à Rideau et des nominations aux JUNO, aux Canadian Folk Music Awards et à l’ADISQ. "Ce n’était pas des choses auxquelles j’avais pensé. C’est du bonus. Ça m’a donné confiance."
C’est donc sereinement que Caracol a su gagner le coeur d’un tout nouveau public. "J’ai perdu les hippies. (rires) Plusieurs prêtaient un caractère naïf et éphémère à DobaCaracol et ils avaient raison. Cette fois, je me sens installée pour du long terme. Mon but n’est pas d’être le phénomène à la mode. Ce projet, je vais pouvoir l’assumer pendant longtemps."
La pérennité semble assurée pour Caracol. Au-delà d’une première tournée européenne, les États-Unis et le Canada anglais témoignent beaucoup d’intérêt pour sa musique. "L’album est majoritairement francophone, mais dans sa production, il y a quelque chose qui a suscité la curiosité de marchés autres que celui du Québec. C’est pourtant un projet personnel. Ça ne m’aurait pas dérangé que ça reste local."
UKULÉLÉ LAND
Sans trop le vouloir, Caracol fait partie d’une vague d’artistes inspirés par le ukulélé. "Au départ, je ne connaissais absolument personne qui en jouait. Je n’avais pas l’impression d’être dans un mouvement. Puis là, effectivement, il y a plein de monde qui a sorti cet instrument en même temps, dont Thomas Fersen." Et la Montréalaise Krista Muir (chanteuse anglophone également de la maison de disques Indica) organisait récemment un festival de ukulélé. "Moi, ça ne me dérange pas. Elle est super belle, la communauté du ukulélé. Il y a un partage qui est tripant."
Toutefois, alors qu’elle pense déjà à son prochain album, la musicienne pourrait bien troquer sa petite guitare pour un nouvel instrument fétiche. "Je vais continuer d’en jouer, mais on en fait rapidement le tour. Je ne pense donc pas que le ukulélé sera aussi emblématique sur le prochain album. Mon but est de me renouveler." Caracol ne suit pas les modes, elle les crée.
À écouter si vous aimez /
Gillian Welch, Jolie Holland, Krista Muir