Vampire Weekend : Vampire pas pire
Vampire Weekend s’apprête à passer le test du second album. Une contre-attaque intitulée Contra.
Auréolé d’un succès plus qu’estimable sur la planète indie depuis la parution de son premier album éponyme en 2008, disque qui fit découvrir une formation ouverte sur le monde et particulièrement tournée vers la pop africaine et ses hybrides, Vampire Weekend présente aujourd’hui Contra. Ce second chapitre fort attendu reprend pratiquement là où Vampire Weekend s’était arrêté, mais avec un soupçon de mélancolie en plus et un accent sur les mélodies vocales. On parle donc d’un autre heureux mélange d’indie pop sophistiquée et de sonorités congolaises, sud-africaines et zimbabwéennes, mâtiné d’influences aussi diverses que certaines oeuvres de Peter Gabriel et Paul Simon, mais aussi Fun Boy Three, Tears for Fears, Thomas Mapfumo et Talking Heads. De son côté, le groupe ajoute la troisième vague ska, le reggaeton, le film Repo Man, l’écrivain Philip Roth, l’esprit de NY en 1983 et la peintre Frida Kahlo. Contra pour contradictions? "Je suis d’accord avec les influences que tu nommes, ce sont tous des artistes qu’on apprécie", souligne Ezra Koenig, chanteur et guitariste de la formation. "Quant au reggaeton ou au ska du début des années 90, des trucs comme Operation Ivy, disons que ça se retrouve dans certains de nos rythmes. Mais peut-être que nous sommes les seuls à penser ça! Et pour les influences qui ne sont pas strictement musicales, je pense que c’est un état d’esprit général, une démarche, un certain sens de l’esthétisme, poursuit-il. La photo de la pochette a été prise à NY en 1983 (clin d’oeil avoué à la couverture du War de U2 et à certains disques des Smiths), nous avons enregistré une chanson du disque à Mexico, tout près de la maison où habitait Frida Kahlo… ce sont des exemples comme ça. Pour en revenir au titre, il ne s’agit pas d’une référence au mouvement contre-révolutionnaire du début des années 80 (contre les sandinistes du Nicaragua), ce mot signifie simplement "contre", "en opposition à". Ça implique une sorte de conflit."
Ainsi, Vampire Weekend serait en conflit? Avec quoi? L’indie pop formatée? "Ce que nous voulons principalement avec ce titre, ce n’est pas nous mettre en opposition avec quelque chose, mais plutôt soutenir l’idée de dualité et de dichotomie qu’il suggère. La seule chose avec laquelle nous sommes en opposition, c’est le fait de devoir choisir entre deux choses. Quant au terme indie pop, disons que nous ne nous retrouvons pas du tout dans celui-ci. À mon avis, l’appellation indie caractérise bien plus le genre de personnes qui peuvent s’intéresser à notre musique plutôt que la musique que nous faisons", nuance Ezra Koenig.
Contra paraissait le 12 janvier, presque deux ans jour pour jour après le précédent. À la suite du succès du premier disque, le groupe sentait-il de la pression? "Nous nous mettons beaucoup de pression sur le dos au sein du groupe. Nous avions autant de pression en enregistrant le premier album. Je te dirais que nous étions plus confiants lors de la création de Contra car nous savions qu’au bout du processus, il y aurait des fans qui nous attendraient et qui seraient contents d’avoir ce disque. Il y a une plus grande diversité d’émotions et de nouveaux sons, comme la guitare acoustique, mais aussi pas mal d’éléments électroniques. Mais je ne dirais pas qu’il s’agit d’un disque électronique! Personne ne sera dépaysé en écoutant Contra, c’est toujours du Vampire Weekend", note le principal auteur du combo new-yorkais. "Je suis conscient que nous sommes attendus et qu’il y a pas mal de hype autour de nous, mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Nous sommes confiants et nous croyons en ce que nous faisons."
Vampire Weekend
Contra
(XL / Beggars / Select)
À écouter si vous aimez /
Fool’s Gold, Islands, Talking Heads