Blue Rodeo : Le pied dans l'étrier
Musique

Blue Rodeo : Le pied dans l’étrier

Blue Rodeo nous offre The Things We Left Behind, un album double audacieux qui confirme l’intégrité de cette formation qui a toujours fait fi des modes.

Il fallait s’y attendre. Après avoir produit l’album Way Down Here de Cuff the Duke, il était inévitable que Greg Keelor invite le quatuor folk-rock à suivre son groupe, Blue Rodeo, en tournée. Non seulement Greg a adopté cette formation, mais son complice Jim Cuddy a lui aussi remarqué le chanteur Wayne Petti. Au point qu’il l’a invité en studio lors de l’enregistrement de The Things We Left Behind, la dernière production de Blue Rodeo. "En fait, tu peux entendre sa voix sur la majorité des pièces de notre album, précise Jim Cuddy. Cette voix était parfaite pour les harmonies. Nous tenions aussi à l’avoir avec nous sur la scène pour cette tournée."

Blue Rodeo repart donc sur la route avec un disque qui va à l’encontre des standards actuels de l’industrie. Qui oserait aujourd’hui sortir un disque double et suggérer aux gens de l’acheter en vinyle? La formation ontarienne, elle, a décidé de passer outre aux risques commerciaux d’une telle entreprise. Cuddy et Keelor se sont montrés intransigeants et ont décidé de proposer un modèle d’écoute qui, à leurs yeux, demeure immortel.

"C’est vrai que le format vinyle a quelque chose de magique, ajoute Jim Cuddy. Malheureusement, cette magie a peut-être disparu avec le temps. Pour nous, elle a toujours existé. Lorsque tu aimes un disque et que tu y reviens, tu l’écoutes convenablement. Le format vinyle impose une écoute particulière. Aujourd’hui, nous sommes habitués d’entendre une succession de singles. Un groupe ou un autre, on ne se pose plus la question. Cette façon de faire de la musique ne nous a jamais intéressés."

Avec ces 16 nouvelles compositions, les deux auteurs-compositeurs-interprètes s’affichent l’un et l’autre avec leurs personnalités artistiques distinctes. Tels Caïn et Abel, il est facile de les distinguer. Et pourtant, même si tout semble contradictoire entre leurs deux univers, tout s’harmonise. À croire que Blue Rodeo fait partie de leur karma. "C’est notre punition! admet en riant Jim Cuddy. Tu sais, maintenant, Greg et moi, on sait ce que c’est que de travailler en solo. Mais c’est très intéressant d’être dans un groupe où le pouvoir se partage entre deux individus. C’est très sain! Surtout aujourd’hui, on l’apprécie de plus en plus. On est différents, mais je peux te garantir que nous nous sommes toujours exprimés à l’intérieur de ce groupe tels que nous sommes individuellement. C’est ce qui définit aussi le son de Blue Rodeo."

Si les compositions de Greg Keelor révèlent la propension du musicien à créer des atmosphères qui s’inspirent parfois du folk psychédélique, Jim Cuddy, lui, semble le Paul McCartney du groupe: un fin mélodiste à qui tout réussit. "Avant d’être un guitariste, je suis un chanteur, avoue-t-il. Dans ces circonstances, la mélodie devient le coeur de ton travail. Je demeure toujours très attentif aux détails. La déclinaison d’une mélodie, c’est le véhicule d’une émotion. Pour un chanteur, c’est fondamental."

À écouter si vous aimez /
Great Lake Swimmers, Cowboy Junkies et The Sadies