Dinosaur Jr. : Habiles fossiles
Dinosaur Jr. joue le jeu de la réunion avec vigueur.
Tout apôtre du désenchantement qu’il ait été, en tant que précurseur du grunge, Dinosaur Jr. a vraiment eu l’heur de surprendre et d’émerveiller, ces dernières années. D’abord en se réunissant, en 2005, sous sa formation originale – quelque chose qu’on croyait IMPENSABLE depuis le départ acrimonieux de Lou Barlow, en 1989 -, ensuite, en lançant deux albums étonnamment bons pour de vieux pionniers: Beyond, en 2007, et Farm l’été dernier, plus vibrant encore. Mais la plus grande surprise est sans doute de voir et d’entendre le guitariste J Mascis, le bassiste Lou Barlow et le batteur Murph interpréter en concert des pièces de toutes les époques du groupe, que Barlow et Murph aient joué dans leurs versions studio ou non. Considérant la démarcation sonore entre la période pré- et post-séparation, il y a de quoi s’en étonner.
Pour Barlow, toutefois, il n’y a rien de plus naturel. "Dinosaur Jr. est d’abord et avant tout le groupe de J! Cela va de soi de toucher aux différentes périodes pour donner un bon show", opine-t-il, assurant ne s’être jamais attendu à ce qu’une version réunie du groupe fasse abstraction de ce que Mascis et les différentes autres versions de Dinosaur Jr. ont fait durant les années 90. S’il en va de même pour les longs solos de guitare de Mascis – une habitude apparue après le départ de Barlow -, le bassiste souligne qu’une période d’adaptation a été nécessaire. "Au début, j’étais un peu désorienté. Je me disais: Pourquoi y a-t-il un solo de 15 minutes dans Raisans? Murph et moi ne savions pas quand il allait s’arrêter… Et il ne disait rien!" raconte celui qui a fondé Sebadoh après son départ de Dinosaur Jr. "Mais après cinq ans, je suis habitué. J’ai développé de l’endurance – car c’est très épuisant de suivre J -, et quand il démarre, je me dis: Oh, il se prend pour Neil Young! C’est cool! (rires)"
Inimitable inimitié
Interrogé à savoir si l’ambiance à l’intérieur du groupe a quoi que ce soit à voir avec celle dépeinte dans loudQUIETloud, le documentaire sur la réunion des Pixies – qui montre quatre musiciens sur le pilote automatique, ensemble presque à contrecoeur -, Barlow répond par la négative. "Nah, on était pas mal dedans dès le début, je dois dire. Dès le premier show que nous avons donné jusqu’à maintenant. Tout le crédit revient à J! Il peut donner l’impression d’être peu inspiré, des fois, mais il s’est vraiment investi dans tout ça. Je crois que c’est dû à tout le temps qui s’est écoulé depuis notre séparation. Aussi, il y a quelque chose dans notre façon de jouer ensemble… Il y a eu des milliers d’imitateurs des Pixies, mais notre groupe à nous demeure inimitable, quant à moi. Je crois que ça se résume à ça. Quand on joue, on se dit tous: "Ça ne serait pas pareil avec d’autres.""
Qu’est-il advenu des tensions qui ont miné le groupe, alors? "J n’est juste plus aussi teigneux qu’avant, rétorque Barlow. Dans le temps, il était juste vraiment déplaisant. Il est la même personne, c’est le même groupe, la même dynamique, mais il n’y a plus cette mauvaise vibe. Quand on est ensemble, quand on tourne, il y a juste une bonne ambiance. C’est tout."
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