Francis Colpron : Les Tabarinades des Boréades
Le directeur artistique des Boréades, Francis Colpron, réunit musiciens et comédiens pour une soirée d’humour baroque. Juste pour rire du bon vieux temps.
L’ensemble Les Boréades, que le flûtiste Francis Colpron fondait en 1991, a beaucoup fait parler de lui grâce à l’idée d’interpréter la musique des Beatles dans le style baroque. Trois disques sont parus chez Atma (2000, 2002 et 2006), ainsi qu’une compilation. Le projet s’est aussi transposé à la scène; le directeur artistique commente: "C’est un concert pour lequel nous avons imaginé une petite mise en scène conviviale, avec les solistes qui vont sur le devant de la scène et la narration de Susie Napper. Nous jouons, et le public chante les Beatles!"
Francis Colpron y a développé un goût pour les concerts avec mise en scène, au point où l’on pourra se demander si la dernière production des Boréades est un concert ou un spectacle théâtral. "J’aime beaucoup la mise en scène et la démesure, celle, justement, de l’époque baroque. Il y a eu beaucoup d’innovations scéniques à cette époque, et au théâtre français, il y avait toujours de la musique, de la danse. J’ai toujours voulu imbriquer la musique et le théâtre, et ici, je fais un pas de plus."
Le programme Les Tabarinades n’est pas une pièce de théâtre, mais un collage de farces et saynètes comme les pratiquait Tabarin, un comédien célèbre qui proposait avec sa troupe des spectacles grivois aux passants de la place Dauphine, au début du 17e siècle. Dans le rôle du valet, ce prédécesseur de Molière posait à son maître (Mondor, rôle tenu par Carl Béchard) des questions qui débouchaient sur des dialogues philosophiques ou, simplement, des propos grotesques. "Pour cette reconstruction, explique Francis Colpron, j’ai fait appel à Jean-François Gagnon [également metteur en scène, et qui joue Tabarin], avec qui j’avais déjà travaillé sur Le Bourgeois gentilhomme, et nous avons dû faire beaucoup de recherches parce que personne ne connaît vraiment Tabarin; nous avons aussi fait appel à plusieurs compositeurs méconnus."
En effet, les 12 musiciens des Boréades joueront bien du Jean-Baptiste Lully, mais aussi des oeuvres de compositeurs des 16e et 17e siècles certes moins connus, comme Lambert de Beaulieu, Jean d’Estrées, Pierre Guédron ou Guillaume Dumanoir. Un programme présenté par une grosse équipe, et qui risque de faire grande impression.
Le bonheur de jouer ensemble.
Les Boréades de Francis Colpron, Carl Béchard et Jean-François Gagnon : symbiose parfaite d’une association durable au profit d’interactions soudées en harmonie d’idées et d’intérêts à la gloire de Tabarin, ludique précurseur de Jean-Baptiste P.
Sans percussion et tout en finesse ces caresses spontanées au baroque où sont réunies les quatre conditions musicales gagnantes (vue, ouïe, mesure et voix) et la farce pure de la comedia dell’arte. Des nombreux clins d’œil s’échangent entre l’ensemble et les comédiens sur une scène commune et, surtout, partagée. Danses, fariboles, rodomontades, baumes et potions distribués, questions intempestives du valet et réponses tartares du maître fournies, envolées lyriques : tout un dialogue efficace d’interprétations magistrales dans une complice virtuosité que la complexité du décor confirme : un coffre-ci rempli d’artifices, un sac-là affaire à rebuffades…
Inspiré, brillant, déchaîné et amoureux.
Flûte alors! C’est fini, tabarinique!
La tournée bat son plein en septembre et, pour les nostalgiques festifs, le cd Tabarinades atteste de l’excellence d’un produit frais issu de notre terroir musical qui n’a rien à envier à l’Académie de St Martins in the Fields. Grandes réjouissances assurées.