Bet.e : Théories d’évolution
La charmante Bet.e a pris son temps pour devenir la Bet.e de B.coming, son premier album solo. De la chenille au cocon, elle est devenue papillon pour sa première aventure en vol plané.
Si la fin de Bet.e & Stef a permis à sa chanteuse de découvrir une chose, c’est qu’elle avait besoin de temps. Peut-être est-ce la raison expliquant ces six longues années entre la parution de B.coming, son premier album solo, et la fin du projet Bet.e & Stef. Peut-être pas. "L’album était prêt deux ans avant sa sortie (en février dernier). Quand j’ai senti le besoin de faire l’album, tout s’est passé relativement vite et j’avais terminé en six mois. Je crois que la compagnie de disques n’était pas prête à ce que ça arrive si rapidement…" affirme la jolie Trifluvienne, qui a voulu prendre son temps. Le temps de s’octroyer des journées à ne rien faire, le temps de tout simplement réapprendre à vivre. "À la fin de Bet.e & Stef, j’ai décanté tout ça pour laisser émerger la prochaine idée, la prochaine étape. J’étais consciente de la chance que j’avais de me payer un temps d’arrêt; qui est-ce qui n’aimerait pas ça? Les gens vivent tellement vite, ils ont des horaires qui sont remplis mur à mur, souligne-t-elle. Moi aussi, je vivais comme ça, et je me suis dit qu’il fallait que je m’arrête. Cette pause, il a fallu que je la vive à fond."
Sur son premier solo, on passe aisément de la bossa-nova au jazz – qui ont fait les beaux jours de Bet.e & Stef -, mais aussi de la soul au funk, tout en incorporant dans ce nouveau spectre sonore des touches très world. "B.coming est assurément un album world avec tout ce qu’on peut y retrouver. La bossa, c’est bien beau, mais je n’écoute pas que ça. On y retrouve du funk, de la soul, et d’autres rythmes s’y amalgament", soutient Bet.e. Si le titre B.coming laisse entendre un changement, un stade qui vient d’être franchi ou une ouverture vers l’avenir, l’auteure-compositrice n’y voit pas un aboutissement, elle qui préfère le tourbillon causé par l’évolution intérieure au beau fixe que procure le contentement de peu. "J’ai souvent l’impression de ne jamais pouvoir me poser. C’est pour ça que j’ai appelé l’album B.coming, parce que je sais qu’il va toujours y avoir autre chose. Par exemple, cet automne, je me suis inscrite à des cours de guitare, de solfège, des trucs que j’ai toujours voulu approfondir…" atteste une Bet.e visiblement excitée à l’idée de futurs apprentissages. Et si le premier album a pris si longtemps à paraître, doit-on supposer que le successeur en prendra tout autant? "C’est dur à dire. J’aimerais juste continuer à faire des albums, des spectacles, et ne pas me soucier des rouages de l’industrie…" affirme-t-elle en faisant allusion aux débuts indépendants de Bet.e & Stef, où elle devait faire la promotion, le booking et la distribution du duo. "Je me concentre sur la création, les idées, ce que je considère comme le plus grand des luxes. Chaque jour, je me dis: "Wow! C’est donc ben le fun, je n’ai pas 36 téléphones à faire aujourd’hui!"
À écouter si vous aimez / Bebel Gilberto, Diana Krall