Karina Gauvin : Amour vocal
Musique

Karina Gauvin : Amour vocal

La soprano Karina Gauvin vient nous chanter toutes les divines variations d’un seul et même thème: l’amour.

"Quand on court de droite à gauche par delà la planète, c’est difficile de nous attraper", souligne Karina Gauvin au cours de notre entretien téléphonique. La soprano montréalaise ne pouvait pas si bien dire, car on est passé bien près de la manquer, son agente new-yorkaise ne l’ayant pas avisée de notre appel. "J’ai mon manteau sur le dos", s’excuse-t-elle pour nous faire comprendre que le moment est mal choisi. De notre côté, on est juste content d’apprendre que cette grande dame du chant lyrique se couvre convenablement pour ne pas avoir froid! Elle s’apprête à nous rendre visite et on la veut en très grande forme. C’est un sublime récital qu’elle a conçu pour les Sherbrookois.

"J’arrive justement d’une répétition… Je suis très heureuse de chanter ce programme", nous dit-elle lors d’un second rendez-vous qui s’avéra le bon. "Tout ce que j’ai choisi est, pour mes oreilles, un vrai délice. Ça me prend du temps, composer un programme, parce que je me pose un tas de questions. Je veux communiquer mes choix avec beaucoup de bonheur." C’est dans des oeuvres d’Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi, Ernest Chausson, Georges Bizet, Maurice Ravel et Kurt Weill que la chanteuse célébrée partout dans le monde puisera sa fougue lors de ce récital. "Il y a beaucoup d’énergie là-dedans. C’est un récital acoustique; il n’y a aucune amplification." Sur la scène du Théâtre Granada, seul le pianiste Michael McMahon l’accompagnera.

Le "coup de coeur", c’est la condition sine qua non de Karina Gauvin lorsque vient le temps de choisir ce qu’elle interprète sur scène. "C’est toujours ça. Quand j’aime, je me laisse ensuite imprégner par la musique, par l’histoire du compositeur, l’époque… Tout ça nourrit l’interprétation."

Elle précise: "Quand on monte sur la scène, il faut être heureux avec ce qu’on fait, car c’est ça le bonbon, le gâteau! Je ne suis pas là pour aller à l’échafaud. Je ne veux pas de séances de torture (rires). C’est important d’aimer profondément ce qu’on fait, comme ça, on peut le communiquer au public."

Le message porté par la haute voltige vocale de la soprano tourne autour d’une seule chose: l’amour. "Je chante beaucoup de répertoire baroque, et la plupart du temps, c’est la joie, la trahison ou la vengeance, mais le thème central, c’est l’amour. Qu’il soit filial ou passionnel, c’est ce qui anime les humains! (rires)"

L’ESSENTIEL

Karina Gauvin a le public québécois en haute estime, mais pour avoir poussé la note un peu partout sur le globe, elle nous confie que les Européens ont un rapport quasi intime avec cette musique qui, au fond, est la leur. "Le public néerlandais est tout particulièrement fantastique. Il est très connaisseur et a une belle qualité d’écoute. Mais chaque peuple a sa façon d’écouter et d’apprécier. L’essentiel, c’est que la musique stimule notre imaginaire, nos pensées."

A-t-elle déjà pensé s’établir de l’autre côté de l’Atlantique, y transposer ses pénates? "Je chante beaucoup en Europe et mes collègues me demandent souvent pourquoi je ne déménage pas là-bas. Ce serait plus pratique, mais bon, on a nos racines. On ne peut pas juste penser en fonction de la carrière. Ici, la vie est simple."