Nouvelle Vague : Tout s'arrange
Musique

Nouvelle Vague : Tout s’arrange

Avec 3, leur plus récent album, les musiciens de Nouvelle Vague prouvent qu’ils savent faire autre chose que de la bossa-nova ironique. En concert, ils prévoient vous servir une new wave repensée pour vous faire pleurer sur votre verre à martini.

Marc Collin et Olivier Libaux sont de grands incompris. Pour un certain public de bourgeois bohèmes résidents du Marais, de Williamsburg ou du Plateau, Nouvelle Vague est un fournisseur officiel de Muzak pour cafés branchés. Pour la presse grand public, c’est un groupe gadget dont l’intérêt ne dépasse pas l’effet de surprise causé par les adaptations bossa-nova de classiques new wave que l’on retrouvait sur son premier album. Et pourtant…

3, leur dernier opus, rappelle plus le travail de Johnny Cash dans sa série Great American Songbook que le swing bonbon des Lost Fingers. "Alors forcément, ça marche moins bien, commercialement parlant, que notre premier album", commente Marc Collin. "Avec 3, on s’est rapproché de la pop indé, de la musique qui ne fait pas cocktail. On s’est permis d’être moins sympa. Je pense que ça a déstabilisé une partie de notre public."

En effet, Nouvelle Vague est réapparu là où on ne l’attendait pas. Les reprises sont toujours là, certes, mais la bossa-nova est, pour la plupart des titres, mise au placard. Nouvelle Vague quitte le Brésil, saute quelques latitudes vers le nord, suit le cours du Mississippi et fait un petit détour par le Lower East Side.

Pour le voyage, Collin et Libaux ont invité les interprètes originaux des chansons reprises, qu’il s’agisse de Plastic Bertrand ou de Martin Gore de Depeche Mode, pour qu’ils viennent les revamper en personne. Road To Nowhere des Talking Heads s’accompagne de la mélopée larmoyante d’une lap steel. Dans All My Colours d’Echo & The Bunnymen, la chanteuse Mélanie Pain et Ian McCulloch rivalisent de pathos.

N’en déplaise aux mauvaises langues, 3 n’est donc pas un pur produit marketing. "On fait de l’interprétation, un peu comme les jazzmen, explique Collin. Les mélodies fortes et simples des chansons de la new wave, du punk et de la pop des années 80 se prêtent particulièrement bien aux arrangements. Pour nous, arranger, c’est composer. Il s’agit de trouver une vraie voix, de développer une esthétique propre."

On imagine que le nouveau répertoire de Nouvelle Vague viendra ajouter plus de profondeur, de variété à leur spectacle. "En effet, on pioche dans trois albums, trois registres, ce n’est plus du tout le même spectacle qu’à nos débuts", concède le réalisateur.

Nouvelle Vague est un pionnier dans son genre. Avant ce groupe, il n’y avait guère eu qu’April March qui réussisse à prendre les foules branchouilles au jeu des reprises anachroniques. Aujourd’hui, tout le monde s’y met. Y compris au Québec. "C’est vrai qu’on voit beaucoup d’albums de reprises ces temps-ci, constate Collin. Mais nous avions des qualités que les autres ne possèdent pas. Ne serait-ce que d’avoir quelque chose de très français. Nous avons cette audace, cette façon d’être gonflés, de se jouer des codes que partagent d’autres groupes français qui se démarquent à l’étranger, des gens comme Gotan Project, des Sébastien Tellier. Ce qu’on a fait, il fallait quand même oser le faire."

À écouter si vous aimez /
Johnny Cash, Tracey Thorn, Karen Ann