En annonçant une Tosca digne de Maria Callas, le très enthousiaste directeur artistique de l’Opéra de Montréal, Michel Beaulac, mettait la barre un peu haut pour son interprète, la soprano Nicola Beller Carbone. Elle en évoque éventuellement le souvenir visuel mais, bien qu’elle chante d’une façon tout à fait satisfaisante, elle n’a pas encore la stature qu’appelle une telle comparaison. On la reverrait néanmoins avec plaisir.

Côté "stature", le meilleur de la soirée vient du baryton-basse Greer Grimsley, parfait dans les habits du chef de police Scarpia, autoritaire à souhait, et si on n’est pas fâché de le voir mourir le moment venu, ce n’est pas parce qu’il fait mal son travail, au contraire! Le Cavardossi de David Pomeroy est bien campé, et le ténor canadien, peut-être un peu retenu lors de la première, a la voix qu’il faut pour le rôle.

Parmi les irritants, notons quelques éléments de la mise en scène de Michael Cavanagh, qui semble avoir voulu alléger le drame en le diluant avec quelques moments "comiques" (il ne manque qu’un nez de clown au sacristain du premier acte, Alexandre Sylvestre, correct sur le plan vocal). Notons aussi un orchestre qui sonne voilé tant la direction de Paul Nadler manque de mordant. Aucune aspérité dans cette musique qui, avec d’autres chefs, n’en manque pas; ici, ça coule comme de la guimauve.

Enfin, ce qui m’a vraiment agacé, c’est surtout de devoir attendre 25 bonnes minutes l’arrivée d’un troisième acte qui n’en dure pas davantage! Les décors de Jean-Pierre Ponnelle sont beaux, particulièrement celui du bureau de Scarpia, au deuxième acte, mais ils sont massifs! La durée du deuxième entracte, en raison du changement de décor, brise vraiment le rythme de la soirée.

Bref, ce n’est pas la production du siècle, ou même la meilleure des 30 dernières années. Si le chef aiguise un peu sa baguette, il contribuera certainement à faire oublier les mauvais côtés.