Valérie Milot : Miss Mystère
Avec de prestigieuses distinctions en poche, la harpiste Valérie Milot s’amène en solo sur la scène du Cabaret de la salle Philippe-Filion pour une performance loin des angéliques clichés.
Puisque la harpe demeure un instrument auréolé de mystère, Valérie Milot se fait un plaisir, voire un devoir, d’éduquer son public quant aux rudiments de son art. De par sa forme, son look et son caractère quasi mythique, est-ce qu’il arrive que le massif instrument fasse ombrage aux indéniables qualités d’interprétation de l’artiste? "Oui… C’est sûr qu’au départ, on doit se battre avec ça, mais ce sont plus les clichés de la harpe qui constituent un obstacle, explique la harpiste originaire de Trois-Rivières. Toutefois, ça devient agréable parce que les gens viennent me voir après les concerts et me disent qu’ils repartent avec une nouvelle impression. Ils comprennent rapidement que ce n’est pas un instrument des anges. (Rires)"
Il n’en demeure pas moins que c’est ce côté angélique qui a séduit la petite fille de 10 ans qu’elle était. "Un peu plus tard, j’ai découvert un tout autre aspect. C’est un instrument avec beaucoup de puissance, de tension." Le côté technique contribue également à l’unicité de la harpe. "Les gens pensent que ça peut ressembler à la guitare, mais c’est hyper différent. Ça relève plus du piano. Il y a la technique des doigts, mais il y a aussi les pieds. Un bon 40 % de mon travail est dédié au système de pédales de l’instrument. C’est le genre de choses que j’explique durant mes concerts."
RÉVÉLER LE MYSTÈRE
À la suite de son récent titre de Révélation Radio-Canada Musique, Valérie Milot bénéficie d’une visibilité plutôt enviable. "Mon rêve, c’est vraiment de faire du solo, et cette distinction m’aide énormément. Je le constate tous les jours." Le Prix d’Europe de 2008 lui a également ouvert plusieurs portes. "C’est un concours multi-instruments, et de le gagner avec la harpe a permis de déstigmatiser l’image de l’instrument."
D’ailleurs, son répertoire est beaucoup plus riche qu’on pourrait le croire. "Ça commence plus à la fin de l’époque romantique. Il y a donc beaucoup de pièces de l’époque moderne, mais les compositeurs sont souvent peu connus. Plusieurs harpistes ont écrit pour leur instrument. Le répertoire met donc en valeur le son de la harpe."
De nombreux compositeurs contemporains s’intéressent à la harpe. "On sent un engouement, quand même léger, mais à juste mesure pour la harpe." Même le monde de la pop y verse à l’occasion. "J’aime beaucoup ce que Björk a fait sur Vespertine. La harpe y est super bien utilisée dans les arrangements. Il y a aussi Lhasa de Sela qui jouait avec une harpiste."
RÉCITAL DICHOTOMIQUE
En concert, Valérie Milot affectionne les récitals qui naviguent entre les deux extrêmes. "J’aime qu’il y ait les deux univers: des pièces qui "punchent" et d’autres qui sont plus douces."
Toutefois, c’est la virtuosité de la jeune harpiste qui enveloppe le tout. Ces jours-ci, la musicienne se prépare pour des concours internationaux et ses prochains concerts en feront état. "En fait, je compte me consacrer aux concours jusqu’à mes 30 ans; ça me laisse encore cinq ans." Elle est belle, la jeunesse.
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