Voivod : Voivod à perpétuité
Musique

Voivod : Voivod à perpétuité

Voivod est devenu un groupe culte et profite de son statut de légende du trash métal pour sillonner le monde. Une renaissance qu’il confirme avec son dernier album Infini.

Depuis la sortie de l’album Infini en 2009, Voivod ne chôme pas. Les festivals prestigieux se suivent, entre autres celui de Donington en Angleterre au mois d’août dernier, et la formation rejoindra sous peu le groupe trash métal allemand Kreator pour une tournée nord-américaine imposante. "Lorsque Dan Mongrain (guitare) et Blacky (le bassiste Jean-Yves Thériault) sont arrivés, on avait déjà entamé un agenda assez rempli. On dirait que ça n’a pas arrêté depuis et c’est très excitant, constate Michel Langevin, fondateur et batteur du groupe complété par le chanteur Denis Bélanger. En plus, on revisite notre matériel des années 80, un répertoire assez compliqué. C’est un défi chaque fois qu’on intègre une nouvelle chanson."

La formation prépare même une première visite à Moscou pour le mois d’avril, une destination qui manquait à son curriculum. "Et j’ai eu une confirmation pour le festival Wacken en Allemagne au mois d’août. Ça fait longtemps que je travaille là-dessus, c’est un très grand festival métal."

Voivod vit une forme de résurrection et s’inscrit maintenant comme une référence du trash métal, après 27 années d’existence et quelques classiques comme War and Pain, Killing Technology et Nothingface. "Je suis toujours resté en contact avec mes "compatriotes" du mouvement trash métal et hardcore, indique Langevin. À titre d’exemple, Kreator, que nous connaissons depuis 1987. Il y a aussi un nouvel engouement pour le trash métal depuis quelques années. C’est très fort en Europe et aux États-Unis. Plusieurs des groupes que nous connaissions dans les années 80 se sont reformés pour répondre à la demande."

Une nouvelle vague de popularité que les musiciens québécois prennent avec un grain de sel et avec maturité. Même si Michel Langevin constate que c’est l’un des chapitres les plus intéressants de l’histoire du groupe, pas question de s’emballer et de tout sacrifier pour la gloire. "Dan est enseignant au cégep, moi je suis graphiste. On a tous notre petite business parallèle. On a aux alentours de 45 ans; il n’y a plus de 9 mois en tournée et de 3 mois en studio, comme on faisait lorsqu’on avait 20 ans. Mais on s’adapte. On ne pourrait pas avoir le succès qu’on connaît en ce moment si la demande des promoteurs n’était pas au rendez-vous. On se rend compte que le nom Voivod est établi."

En tant qu’illustrateur et graphiste, le batteur a fait paraître un recueil de ses illustrations intitulé Worlds Away, disponible sur le site officiel du groupe. Une compilation exhaustive de l’ensemble de son travail à titre de concepteur visuel pour Voivod. Après plusieurs années, il se retrouve avec une demande croissante de la part de plusieurs formations métal. "Aujourd’hui, je vois les pochettes de disques métal et je suis très impressionné, avoue-t-il. Disons que je fais attention pour ne pas être trop dépassé par tout ça. Mais c’est drôle, les demandes que je reçois sont assez précises. Les artistes ont maintenant comme références les trois ou quatre premières pochettes que j’avais faites pour Voivod. C’est devenu, avec le temps, quelque chose de classique. Il y a beaucoup de nouveaux groupes qui copient l’esthétique des années 80. Disons que les crânes et les piquants sont revenus à’ mode!"

Alors que Voivod rejoindra bientôt la formation Cannibal Corpse dans le cadre du Scion Rock Festival en Ohio au mois de mars – un groupe métal qui a connu son lot de controverse en affichant les dessins sanglants de Vince Locke sur ses pochettes de disques -, l’idée nous vient de questionner l’illustrateur sur la censure qui sévit parfois dans le monde du métal. "Je n’ai pas vraiment vécu la censure. La seule fois où j’ai eu à me justifier pour une pochette de Voivod, ce fut pour le disque Nothingface. Il y a un pendu sur le dessin, et ça passait très mal. J’ai eu à m’asseoir avec la compagnie de disques et à la convaincre que l’illustration était quand même surréaliste. Il n’y avait rien de suggestif. La compagnie avait finalement accepté mes arguments. Mais je n’ai jamais été trop gore dans mon travail. Je ne me suis jamais retrouvé dans des controverses politiques. Je garde toujours une mise en situation en tête: celle où je suis capable de montrer une pochette à un jeune enfant sans qu’il soit traumatisé. Ça reste de l’imaginaire."

À écouter si vous aimez /
Kreator, Megadeth et Martyr