Andrea Lindsay : L’aventure commence à l’aurore
Andrea Lindsay a peut-être grandi avec Romeo and Juliet, mais c’est plutôt Cyrano de Bergerac qui l’a séduite. Sur son deuxième album dans la langue de Molière, elle se laisse charmer avec un doux abandon.
La voir commander son latté ravirait n’importe qui. L’observer prendre place à la table d’un café anonyme du centre-ville pourrait arracher un sourire au plus stoïque des visages. Décidément, la charmante Andrea Lindsay pourrait réciter sa liste d’épicerie qu’on lui trouverait quelque chose d’attachant. Si à peu près tout le monde qui a croisé le chemin de la blonde chanteuse depuis la parution de son introductif La Belle Étoile en 2006 a été séduit par ces petits riens, cette grâce éthérée, il n’en reste pas moins qu’au moment de réaliser son deuxième album, cette dernière a mis sa carrière en doute. "À un moment, je me suis demandé si tout ça, le chant, la musique, était réellement fait pour moi. Je voulais savoir si ma personnalité collait à ce mode de vie, et la réponse est oui!" affirme la francophile originaire de l’Ontario.
Ce deuxième gravé, Les sentinelles dorment, paru l’automne dernier, ne porte nullement les stigmates de ces hésitations passées. Au contraire, l’auditeur assistera tantôt à d’intrépides marivaudages empreints de demi-tons et se laissera tantôt bercer par de fines dentelles romantiques. "Cet album est le parfait reflet de l’Andrea qui a vécu une foule d’événements au cours des dernières années, tant dans sa vie personnelle que sur scène." Avec l’aide de son comparse Éric Graveline (qui a également signé la réalisation de La Belle Étoile), Lindsay avait l’intention de composer avec les bases musicales déjà offertes sur le premier opus tout en s’aventurant plus loin dans les arrangements, qui ne sont pas sans rappeler les airs heureux d’une autre romantique, Amélie Poulain. "J’adore Yann Tiersen!" s’exclame-t-elle à la mention du populaire personnage. "Il y a quelque chose avec les cuivres et les cordes, qui ajoutent une texture spéciale, un peu comme une photo sur pellicule où on voit la poussière… c’est quelque chose de plus tangible. Moi, je ne lis pas la musique, mais j’avais plein d’idées pour les arrangements. Il fallait vraiment me voir fredonner à Éric mes idées d’arrangements de cuivres, lalalala, puis regarder les pauvres musiciens tenter de jouer ce que je chantais!" se souvient-elle en riant.
Récemment récompensée par la Fondation de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (prix André Dédé Fortin pour les artistes émergents en septembre dernier), la jeune femme souhaite ardemment que ce nouvel album puisse la mener plus loin, que l’aventure se poursuive de plus belle. "J’aurais besoin d’un sou noir qu’on pourrait lancer au fond d’un puits, pour faire un voeu…" finit-elle par dire au sujet des souhaits formulés pour ce nouveau-né. "Les sentinelles dorment revêt un peu ce côté mythique, ça passe ou ça casse. J’espère qu’il puisse me permettre, un peu comme le premier, de voyager et, encore une fois, de prendre conscience qu’il ne faut rien tenir pour acquis dans cette aventure."
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