Grand Corps Malade : Des maux aux mots
Grand Corps Malade est de retour sur scène et en DVD, le slam toujours intact!
Puisqu’il a été couronné "Artiste de la francophonie s’étant le plus illustré au Québec" au Gala de l’ADISQ 2009, il est un peu normal que Grand Corps Malade (né Fabien Marsaud) vienne entretenir sa cote d’amour au pays! Et pour ceux qui ne pourront assister à sa performance au Métropolis, le slameur à la canne vient tout juste de faire paraître un premier DVD d’un concert filmé à Paris il y a quelques mois. Mis à part le slam À Montréal, qu’il réserve pour le public d’ici, le show que présentera Grand Corps Malade à Montréal sera d’ailleurs sensiblement le même que celui que l’on peut voir sur ce DVD tout simplement intitulé En concert.
À quelques jours de son passage ici, Voir s’est entretenu avec celui qui a donné au slam francophone ses lettres de noblesse.
Voir: Puisque tu ne vis sans doute plus la même réalité, as-tu de la difficulté à pondre des textes aujourd’hui par rapport à tes débuts?
GCM: "Pour l’instant, je touche du bois! Je n’ai pas de difficulté à pondre des textes. Mais ma réalité n’est pas si différente que ça. Oui, ma vie a changé; elle est faite de voyages, de tournées, et financièrement, je suis beaucoup plus à l’aise qu’il y a quatre ans. Mais je demeure toujours en banlieue à Saint-Denis, je vois toujours les mêmes réalités dans la rue. De plus, je continue à donner des spectacles dans des petits bars, à animer des ateliers dans des écoles, des maisons de retraite, des prisons, ce qui me garde en contact avec la réalité et me permet de continuer à avoir de l’inspiration. C’est super important pour mon équilibre."
Aujourd’hui, comment se porte le slam en France?
"Le phénomène slam ne s’essouffle pas en France. Là, je parle du vrai phénomène slam, celui qu’on retrouve dans les petits bars, les cafés, les ateliers slam dans les écoles et les associations, dans les prisons… Aujourd’hui, y a du slam vraiment partout en France."
Avec le recul, comment vois-tu tout ce qui t’est arrivé depuis quelques années?
"Le recul, je ne l’ai pas encore pris. J’ai un peu la tête dans le guidon depuis quatre ans et je n’ai pas envie que ça s’arrête, d’ailleurs! On a sorti le premier album (Midi 20 en 2006), on a tourné, puis on a fait le deuxième disque (Enfant de la ville en 2008) et on a enchaîné la deuxième tournée. Reste qu’il y a des petits moments où il m’arrive de constater à quel point tout est allé vite. Mais ce dont je suis le plus fier, une des choses qui m’a le plus touché, c’est d’entendre des professeurs de français me dire qu’ils utilisent mes textes pour les étudier, et même que certains de mes textes ont été utilisés au bac français, c’est assez incroyable! Je ne sais pas si je le réalise complètement, mais j’essaie en tout cas de rester à ma place et de continuer à écrire de la même façon."
Sans ce malheureux accident qui te force à te déplacer désormais avec une canne, penses-tu que tu aurais fait du slam? Vois-tu toujours ton accident comme une malédiction?
"J’ai eu mon accident en 1997 et j’ai rencontré le slam en 2003. Je ne peux pas refaire l’histoire. Peut-être que j’aurais quand même rencontré le slam, mais je ne cherche pas à savoir si le succès que j’obtiens est une revanche sur le sort. Je sais que je suis privilégié de pouvoir vivre du slam, mais je ne pourrai jamais dire que mon accident a été positif. On peut très bien vivre sans le succès et être très heureux, mais je pense qu’on ne peut jamais très bien vivre avec un handicap au quotidien. Le succès ne me fait pas oublier que je ne peux pas marcher sans béquilles, que je ne peux pas courir, qu’il y a énormément de choses que je ne peux pas faire. Je ne peux pas parler de bénédiction, même si la suite a prouvé qu’on pouvait rebondir."
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