Leif Vollebekk : Carnet islandais
Sur Inland, Leif Vollebekk esquisse de majestueux récits de voyage. Quand le folk retrouve son essence avec véhémence.
Ses racines sont norvégiennes, mais le Montréalais Leif Vollebekk est natif de la capitale canadienne. C’est d’ailleurs en parallèle à ses études en philosophie à l’Université d’Ottawa qu’il a su réunir toutes les perles qui forment désormais son premier disque, Inland, sorti en janvier dernier. "Au départ, je n’étais pas absolument certain du genre de musique que j’allais faire, se rappelle-t-il. C’est donc sorti lentement, mais lorsque j’ai eu mon diplôme, j’avais mes chansons et j’ai alors tout enregistré."
C’est finalement dans un folk mélancolique et bien senti que Vollebekk a su contenir son inspiration. Celle-ci lui est venue lors d’un séjour en Islande. "À ma deuxième année de baccalauréat, j’étais sur le point de tout lâcher. J’avais donc une bonne excuse pour aller un an là-bas. J’ai un peu appris la langue, fait de la philo, rencontré des gens intéressants…" La contrée de Sigur Rós fut généreuse envers Vollebekk, pour qui l’écriture n’est pas une mince tâche. "Je ne peux pas choisir quand écrire. Le faire sans inspiration, c’est terrible! En voyage, tes sens sont davantage sollicités. Tu remarques les petites choses. Par exemple, ce matin, je vais uniquement me rappeler de l’appel de Voir, mais en Islande, je me serais souvenu de l’accent, de mon téléphone étrange, de la prise de courant avec plus de trous…"
Inland, c’est donc pour Iceland? "C’est pour plein de choses. C’est très scandinave. C’était le mot que j’avais en tête durant toute la composition de l’album. Je trouve que pour chaque chanson, ce titre fournit le paysage dans lequel elle doit vivre."
Alors qu’Inland commence à récolter son lot de critiques élogieuses de la part de différents médias nationaux, Leif Vollebekk s’interroge sur son affiliation à la scène folk canadienne. Il préfère garder ses distances. "En ce moment, ça se limite beaucoup au timbre. L’essence du folk, soit d’avoir une raison pour chanter la chanson, n’est souvent pas là. Ça me dérange parfois quand il n’y a pas d’histoire."
Le spleen de la chanson 1921 s’entend grâce au violon et au piano qui s’entremêlent, alors que sur In the Morning, c’est le banjo qui nous happe. Pourtant, pour le multi-instrumentiste, tout cela n’est que du vent. "Je ne comprends pas vraiment la musique. (rires) Je n’ai pas un rapport intime avec les instruments. Pour moi, ce ne sont que des outils. C’est pour le style, pas pour l’émotion. Ça vient plutôt des paroles, de la voix. Sans ça, il ne se passe pas grand-chose dans mes chansons. C’est juste moi."
Leif Vollebekk
Inland
(Nevado)
À écouter si vous aimez / Patrick Watson, Conor Oberst, Liam Finn