Zachary Richard : L’espoir, toujours l’espoir
Zachary Richard nous revient avec une nouvelle tournée. En entrevue, il se penche sur cette Amérique qu’il aime et continue d’apprivoiser.
Avec son dernier disque, intitulé Last Kiss, le chanteur Zachary Richard a renoué avec ses racines anglophones et américaines. Au mois de janvier dernier, il s’est retrouvé aux Grammy Awards, à Los Angeles, et a offert une prestation au musée de cette même organisation. Sélectionné dans le premier triage pour la catégorie du disque americana de l’année, l’artiste n’a pu se retrouver en nomination. Mais il a tout de même eu le plaisir de voir son nom parmi les finalistes dans la catégorie du meilleur réalisateur. "Ce qui est intéressant pour moi dans tout ça, c’est de faire partie de ce phénomène-là (les Grammy) après une longue absence. Le fait de chanter en français pendant si longtemps m’a fermé des portes aux États-Unis. Certains sont demeurés fidèles et sont touchés par mon retour. Mais plusieurs me découvrent."
La vie de Zachary Richard se partage entre le Québec et les États-Unis. Toujours attentif à la condition sociale, tel un folk singer de la vieille école, il compile les images et se laisse imprégner par le climat. "Cette crise économique ne semble pas vouloir se terminer, constate-t-il. Au Québec et au Canada, je crois que nous sommes à l’abri. La Louisiane aussi, à cause du pétrole. Mais ailleurs, aux États-Unis, il y a une forme de psychose permanente. En Californie, à Los Angeles, tu traverses n’importe quel quartier et tu constates que le tiers des maisons est à vendre. Ça laisse perplexe. On s’imagine qu’avec Obama, les affaires vont aller mieux. Mais ça, on ne le voit pas dans la rue. La crise, elle perdure et elle s’accentue. Il y a beaucoup d’anxiété."
Celui qui a milité avec vigueur pour La Nouvelle-Orléans constate tout de même que l’espoir est de mise. L’auteur de la chanson The Levee Broke, qui revient sur les faits entourant l’ouragan Katrina, se réjouit de la visibilité offerte par le Super Bowl à cette ville où il possède aussi un appartement. "Nous étions sur la route, vers Los Angeles, lorsque j’ai écouté à la radio le match contre les Vikings du Minnesota. Quand les Saints ont gagné en prolongation, je me suis mis à crier, ma femme croyait que j’étais devenu complètement fou! En ce moment, à La Nouvelle-Orléans, c’est le Mardi gras ET le Super Bowl, tu imagines? C’est l’euphorie! Les gens retrouvent une saveur de la vie qui était disparue."
Effectivement, cette victoire des Saints est même digne d’un scénario d’Hollywood et nous montre à quel point les Américains réussissent à transformer les lieux d’une tragédie en spectacle plus grand que nature. "C’est vrai. Les Américains, ce sont de grands enfants. C’est un pays d’extrêmes: la richesse et la pauvreté. Il y a une naïveté chez cette population qui est désarmante, mais aussi très charmante. Les gens veulent regarder en avant."
À écouter si vous aimez / Bruce Springsteen, Robbie Robertson et Richard Séguin