Zachary Richard : L'espoir, toujours l'espoir
Musique

Zachary Richard : L’espoir, toujours l’espoir

Zachary Richard nous revient avec une nouvelle tournée. En entrevue, il se penche sur cette Amérique qu’il aime et continue d’apprivoiser.

Avec son dernier disque, intitulé Last Kiss, le chanteur Zachary Richard a renoué avec ses racines anglophones et américaines. Au mois de janvier dernier, il s’est retrouvé aux Grammy Awards, à Los Angeles, et a offert une prestation au musée de cette même organisation. Un concert devant un public majoritairement composé de gens de l’industrie et consacré à la musique de sa belle Louisiane. "Il y avait une exposition, dans la salle, qui regroupait une collection de photos sur Elvis Presley. Très intéressant comme environnement. J’ai eu le plaisir de revoir mes compatriotes louisianais et de jouer avec eux. Tout s’est bien passé, il n’y a pas eu de bagarre!" nous résume l’artiste.

Sélectionné dans le premier triage pour la catégorie du disque americana de l’année (qui comptait plus de 35 000 albums), l’artiste n’a pu se retrouver en nomination aux côtés de Wilco, Bob Dylan et Levon Helm. Mais l’auteur-compositeur-interprète a tout de même eu le plaisir de voir son nom parmi les finalistes dans la catégorie du meilleur réalisateur, alors que Larry Klein s’y retrouvait avec la chanson Acadian Driftwood. "Ce qui est intéressant pour moi dans tout ça, c’est de faire partie de ce phénomène-là (les Grammy) après une longue absence. Le fait de chanter en français pendant si longtemps (environ 15 ans) m’a fermé des portes aux États-Unis. Certains sont demeurés fidèles et sont touchés par mon retour. Mais plusieurs me découvrent pour la première fois. Ce pays est grand et les temps sont durs. Le défi est encore plus imposant."

Cette chanson réalisée par Larry Klein et chantée en duo avec Céline Dion, Zachary Richard en a fait son credo depuis plusieurs années. Il se permettra aussi de l’interpréter au piano lors de la nouvelle tournée qu’il amorce au Québec. Son auteur, Robbie Robertson, a rassuré l’interprète après avoir entendu sa version. "J’étais impatient d’obtenir son approbation, avoue-t-il. C’est une montagne sacrée pour moi, cette chanson. À mon grand bonheur, Robbie m’a confirmé qu’il approuvait et qu’il trouvait ça très bien. J’ai été soulagé, car j’ai eu à éliminer plusieurs couplets. C’est une chanson qui a été écrite à une époque où l’on pouvait se permettre d’être expansif, elle dure et perdure. J’ai finalement enlevé trois couplets pour qu’elle fasse cinq minutes. On n’est plus dans les années 70. Hélas."

La vie de Zachary Richard se partage entre le Québec et ce "grand pays" que sont les États-Unis. Toujours attentif à la condition sociale, tel un folk singer de la vieille école, il compile les images et se laisse imprégner par le climat. "Cette crise économique ne semble pas vouloir se terminer, constate-t-il. Au Québec et au Canada, je crois que nous sommes à l’abri. La Louisiane aussi, à cause du pétrole. Mais ailleurs, aux États-Unis, il y a une forme de psychose permanente. En Californie, à Los Angeles, tu traverses n’importe quel quartier et tu constates que le tiers des maisons est à vendre. Ça laisse perplexe. On s’imagine qu’avec Obama, les affaires vont aller mieux. Mais ça, on ne le voit pas dans la rue. La crise, elle perdure et elle s’accentue. Il y a beaucoup d’anxiété."

Celui qui a milité avec vigueur pour La Nouvelle-Orléans constate tout de même que l’espoir est de mise et que la vie réserve aussi des surprises heureuses. L’auteur de la chanson The Levee Broke, qui revient sur les faits entourant l’ouragan Katrina, se réjouit de la visibilité offerte par le Super Bowl à cette ville où il possède aussi un appartement. "Nous étions sur la route, vers Los Angeles, lorsque j’ai écouté à la radio le match contre les Vikings du Minnesota. Quand les Saints ont gagné en prolongation, je me suis mis à crier, ma femme croyait que j’étais devenu complètement fou! En ce moment, à La Nouvelle-Orléans, c’est le Mardi gras ET le Super Bowl, tu imagines? C’est l’euphorie! Les gens retrouvent une saveur de la vie qui était disparue."

Effectivement, cette victoire des Saints est même digne d’un scénario d’Hollywood et nous montre à quel point les Américains réussissent à transformer les lieux d’une tragédie en spectacle plus grand que nature. "C’est vrai. Les Américains, ce sont de grands enfants. C’est un pays d’extrêmes: la richesse et la pauvreté. Il y a une naïveté chez cette population qui est désarmante, mais aussi très charmante. Les gens veulent regarder en avant."

À écouter si vous aimez /
Bruce Springsteen, Robbie Robertson et Richard Séguin