Elisapie Isaac : Portée par les étoiles
Musique

Elisapie Isaac : Portée par les étoiles

Elisapie Isaac transpose sur scène There Will Be Stars en formule trio. Un voyage solo intimiste et sweet teinté par la pop.

Pour illustrer la chanson Butterfly et son premier album solo, qui s’intitule There Will Be Stars, Elisapie Isaac a amené ses musiciens – ses "boys", comme elle les appelle affectueusement – dans le Grand Nord pour le tournage d’un petit film d’introduction. Un périple initiatique à Salluit au Nunavik, sa terre de prédilection. "C’était un vrai voyage culturel pour eux, se rappelle-t-elle, et il faisait vraiment froid! Je pensais réaliser quelque chose moi-même, mais je n’avais pas le temps. J’ai donc appelé un ami caméraman qui est venu avec nous et qui s’est amusé à faire ce qu’il voulait."

Après l’aventure Taima, en duo avec Alain Auger, elle vole maintenant de ses propres ailes et nous présente cette nouvelle production incarnée dans la pop, qui nous dévoile une légèreté insoupçonnée de la part de l’interprète. "Lorsque Éloi Painchaud est venu me rencontrer après un spectacle à Québec il y a un an et demi – mon deuxième spectacle en solo -, il voyait le côté roots et folk dans mes chansons, indique-t-elle. Tu sais, la fille du Nord! Il m’a souvent répété que ces racines folk étaient ma force. Pourtant, je ne me sens pas aussi deep que ça! Par la suite, il a bien vu que je voulais flirter un peu plus avec la pop. Je pense que d’être réunis les deux ensemble pour faire ce disque a bien équilibré ces deux dimensions."

Avec Éloi Painchaud à la réalisation, elle a trouvé l’homme de la situation et le contexte idéal pour mener à terme une fusion des genres qui rallie trois langues: l’anglais, le français et l’inuktitut. "Lorsque j’écris, je n’y pense pas, c’est très fluide, affirme-t-elle. Comment choisir où placer tel ou tel couplet, en anglais ou en inuktitut, ça va de soi pour moi. Mais le français, c’est une langue très stricte et très raffinée. En anglais, ça coule naturellement sur le plan des sonorités, c’est mon bonbon. L’inuktitut, c’est autre chose. Il manque encore beaucoup de mots pour exprimer certaines choses. C’est une langue qui est avant tout pratique. En général, les gens pensent que c’est une langue très imagée. C’est sans doute les paysages du Grand Nord qui dirigent cette interprétation. Avec le temps, j’ai quand même appris à utiliser les métaphores qui se dégagent de l’inuktitut. C’est mon défi poétique."

En matière de poésie, l’artiste a aussi fait appel à la plume de Richard Desjardins. Une collaboration exceptionnelle qui a donné naissance à Moi, Elsie, dont Pierre Lapointe a signé la musique. Proche de ses racines autochtones, Elisapie a trouvé des mots de prédilection pour traiter d’une réalité particulière, parfois crûment, et qu’elle transpose dans la modernité. "Je voulais parler d’un homme blanc et d’une jeune femme innue. Une rencontre. Mais je ne lui ai pas donné d’autres informations. Je voulais qu’il soit libre. Le résultat final m’a étonnée. Il n’a pas tout simplement fait du Desjardins. Il a pu saisir le thème. C’est très recherché comme texte. Richard, c’est un vrai! Tu veux rendre justice à cette chanson. Maintenant, je peux dire que c’est ma chanson!"

A écouter si vous aimez /
Lykke Li, Cat Power, Ariane Moffatt