Julie Hamelin : À pas feutrés

Il y a quelque chose de douillet, d’apaisant dans Smooth Road. Dès les premières notes, on a envie de tamiser les lumières, de se servir une coupe de vin et de s’abandonner dans le sofa.

"C’était vraiment ça notre but, confirme la chanteuse Julie Hamelin. Je pense que c’est Jeannot [Bournival, le réalisateur, mais aussi son conjoint] qui m’a ramenée vers cette voie-là. Il me disait: "Julie, c’est là-dedans que tu sonnes bien. On est mieux de faire un album qui se tient, qui a une ligne directrice que quelque chose qui est éparpillé." Plus on choisissait les tounes, plus les arrangements se faisaient, plus on se disait que ça allait être tranquille. C’est vraiment une photo d’un moment dans notre vie. Ça correspond avec notre déménagement en Mauricie, le fait qu’on faisait beaucoup de route entre Montréal et la Mauricie, notre début de famille – Simone est née dans ce temps-là. Et la dernière pièce, c’est vraiment la berceuse que je chante à Simone pour l’endormir depuis qu’elle est née."

Smooth Road serpente essentiellement à travers de vieux standards de jazz. "Ce sont des chansons que j’aime depuis super longtemps et que j’écoute en ce moment aussi. J’écoute encore Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, du vieux jazz… Il n’y a que Feelin’ Groovy [de Paul Simon] qui est venue du répertoire pop."

DOUCE MOITIÉ

Au fait, comment a-t-elle trouvé l’expérience de travailler avec l’homme qui partage sa vie? "C’est compliqué parce que le soir sur l’oreiller, on parle encore de ça. C’est difficile, mais en même temps, c’est un avantage parce qu’il me connaît bien. Ça fait longtemps qu’il m’entend chanter." A-t-il été plus dur à son égard? "Non. Jeannot, sa grande force, c’est de dire à quelqu’un qu’il se trompe sans le vexer. Il a un genre de tact hallucinant! Et je pense que c’est pour ça qu’il est un bon réalisateur; même avec moi, il l’utilise. Ça fait qu’on est capables d’avancer plus loin. Je suis bien contente d’avoir travaillé avec lui!" s’exclame celle qui accouchera d’un petit garçon en mai.

UN DERNIER TOUR DE PISTE…

Donc, avant de prendre une pause d’un an au printemps, la chanteuse, qui gagne sa vie en prêtant sa voix pour des publicités radio, mettra beaucoup d’énergie sur la promotion de l’album. Quelques premières parties du spectacle L’Arracheuse de temps de Fred Pellerin, un ami, seront également à son horaire: "Ce sont de gros stress parce que, tout d’un coup, je suis vraiment toute seule devant cette salle-là, qui ne veut pas me voir, qui vient voir un autre spectacle. Et je fais des chansons bien intimes. Mais j’ai été agréablement surprise: les gens écoutent beaucoup quand même. Après chaque pièce, ils applaudissent pour vrai. Je sens vraiment une reconnaissance. Je trouve ça le fun, je suis bien chanceuse." Plus que la chance, il y a surtout le talent…

Julie Hamelin
Smooth Road
(Indépendant)

À écouter si vous aimez /
Billie Holiday, Sarah Vaughan