Agnès Bihl : Poétesse des temps modernes
Musique

Agnès Bihl : Poétesse des temps modernes

Agnès Bihl est de passage au Québec afin de faire résonner la poésie de son plus récent opus, Rêve général(e). Après un peu plus de dix ans de carrière et un prix Félix-Leclerc, la chansonnière française trouve son second souffle.

"Je ne suis pas certaine d’être heureuse de faire ce métier, mais je suis certaine que je serais malheureuse si je ne le faisais plus", affirme Agnès Bihl, qui réussit toujours à nous toucher avec ses mots, même en entrevue. Pour elle, l’écriture, c’est un mode de vie. Chaque jour, elle prend le temps d’écrire une chanson, un paragraphe ou une ligne. Mais le moyen le plus efficace de faire vivre ses écrits demeure bien évidemment la chanson: "La chanson, c’est pour moi un mode d’expression. C’est le vestige de la poésie, ce qui permet de la faire vivre encore aujourd’hui. Les gens n’achètent plus beaucoup de recueils de poèmes, c’est plus facile de les atteindre avec la musique", ajoute la chanteuse.

S’éloigner du nombril

Sa plus récente fierté, c’est son quatrième album, Rêve général(e), sorti il y a à peine un mois. Critiqué par le passé, jugé un peu vieillot, son répertoire s’est modernisé avec le temps. "Comme n’importe quel artiste, j’ai évolué. Au départ, on sentait nettement mes influences (Brassens, Ferré, Anne Sylvestre), et aujourd’hui, j’ai réellement le sentiment de montrer qui je suis", explique-t-elle. Parfois intenses, rigolos ou durs, ses textes sont tirés de ses expériences personnelles mais aussi de son imaginaire. "Je tiens à m’éloigner du nombrilisme et aborder des thèmes plus généraux, d’où le titre de mon album. C’est pourquoi je raconte souvent des histoires fictives, qui sont universelles."

On pourrait croire qu’Agnès Bihl est plutôt poète qu’interprète. Elle nous assure toutefois que les deux sphères artistiques la passionnent: "J’ai deux branches à mon arbre: l’écriture et la scène. Quand je suis dans mon bureau et que je travaille comme une fourmi à l’écriture, je suis l’artisan. Quand je suis sur la scène, où c’est chaud et où je me laisse aller librement, je suis l’artiste."

Le spectacle qu’elle nous présente ici, dans une formule piano-voix, nous plonge dans un univers intime, voire minimaliste. Elle le décrit comme étant à mi-chemin entre la musique et le conte. "Je crois qu’à certains moments, les gens vont avoir la larme à l’oeil, et à d’autres, un sourire en coin", ajoute l’artiste.

Pendant sa tournée québécoise, c’est le pianiste Steve Normandin qui l’accompagne. "Contrairement à beaucoup d’autres musiciens, il ne s’attache pas qu’à la mélodie, il connaît également mes paroles et ressent l’amour des mots tout comme moi. Notre complicité sur scène est extraordinaire."

On peut dire que c’est une belle histoire d’amitié que vit la chanteuse avec le Québec. Elle en est à sa cinquième visite en terre québécoise. En 2006, lors de sa participation aux FrancoFolies de Montréal, elle a remporté le prix Félix-Leclerc. "Le public québécois a un grand respect pour la langue française. Il savoure les mots comme on savoure un bon vin. J’adore la manière québécoise de vivre les relations humaines, simple et franche."