Jean-Guihen Queyras : Duo de choc
Lorsque Jean-Guihen Queyras entend Vivaldi, il pense au Québec. La musique n’a pas de frontières et le violoncelliste nous rend visite en compagnie du pianiste Alexandre Tharaud.
Le violoncelliste français Jean-Guihen Queyras mûrit déjà quelques pensées pour le Québec depuis Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, où il habite maintenant depuis neuf ans. Non seulement parce que sa prochaine visite à Québec sera l’occasion de revoir des proches de sa famille – l’artiste est né à Montréal et a vécu à Sherbrooke jusqu’à l’âge de cinq ans -, mais surtout parce que le programme de sa prochaine production discographique a tout pour éveiller en lui des souvenirs bien précis.
"Mon prochain disque sera consacré à des concertos de Vivaldi et je l’enregistrerai avec l’Akademie für Alte Musik de Berlin, précise-t-il. Ça me rapproche du Québec. Je m’explique: ma mère était une pianiste amateur, excellente d’ailleurs, et jouait très souvent avec un violoncelliste à l’époque. Leur répertoire était surtout composé de musique italienne baroque et de sonates de Vivaldi. Je me rappelle aussi d’un enregistrement d’Anner Bylsma (violoncelliste hollandais), pour les concertos. Je l’écoutais en boucle. C’est une musique que j’ai toujours eue en moi, mais qui n’a jamais croisé mon chemin d’interprète. Et maintenant, cette rencontre avec l’Akademie me permettra d’y remédier."
Queyras, en plus d’être un soliste accompli, compose aussi, avec le pianiste français Alexandre Tharaud, l’un des duos les plus talentueux de sa génération. Voilà maintenant une quinzaine d’années qu’ils se connaissent. Une rencontre qui s’est effectuée par l’entremise de Catherine Le Bris, qui à l’époque lançait sa propre agence d’artistes à Londres: CLB Management. Les deux musiciens, toujours représentés par celle-ci, n’ont pas mis trop de temps à se commettre en musique. Queyras, ayant signé avec l’étiquette de disques Harmonia Mundi en 1998, invite le pianiste à se joindre à lui pour un disque consacré à Kodály, Veress et Kurtág au début des années 2000.
"Lorsqu’on commence une association, il faut d’abord jouer et sentir, explique-t-il. La parole sur la musique, ça peut générer beaucoup trop de malentendus. Si on fait ça, alors on commence par la théorie. Ce n’est pas une bonne chose. Bien sûr, on va discourir ensuite sur le caractère de l’oeuvre. Dans cet exercice, il y a des choix à faire. Mais l’ensemble du travail, il repose sur l’écoute et l’intuition."
Les deux interprètes aborderont des compositeurs que l’on retrouve sur leurs deux dernières productions discographiques. L’Arpeggione de Schubert, la première des Sonates pour violoncelle et piano de Claude Debussy et la musique de Francis Poulenc seront au coeur de cette rencontre. Un répertoire de prédilection pour ces deux musiciens qui se complètent. "Alexandre, il a un rapport unique avec le public dans ses récitals solos. Il est perfectionniste, chaque oeuvre de son programme est le maillon d’une chaîne, la pierre d’un édifice. Il s’adapte au langage d’une oeuvre pour ensuite établir un rapport très personnel avec elle. Ça, c’est un idéal d’interprétation pour moi. Les deux ensemble, on se retrouve à la fois interprètes et auditeurs. L’oeuvre, c’est l’élément central sur lequel s’appuie cette expérience."
À écouter si vous aimez /
Le violoncelliste Pierre Fournier au côté du pianiste Francis Poulenc