Catherine Durand : Les temps doux
Pour Catherine Durand, le temps s’avère un allié fiable et révélateur. Confiante et le sourire aux lèvres, l’auteur-compositrice proposera un concert à la Maison de la culture de Trois-Rivières.
"Le temps presse toujours un peu plus fort, un peu plus vite. On ne se rend compte de rien et puis on arrive toujours au bout du chemin." – Catherine Durand, Le temps presse
Parlez du temps à Catherine Durand, elle vous répondra qu’il passe très (trop) vite. Elle poursuivra ensuite sur les erreurs qu’il lui a permis de faire. Depuis ses débuts en 1998, l’auteure-compositrice a su s’apprivoiser et ainsi vouer son art à l’essentiel. Malgré un départ prometteur sous contrat avec la multinationale Warner, qui verra naître deux albums aux couleurs pop-rock (Flou en 1998 et éponyme en 2001), ce n’est qu’en 2005 que Catherine Durand s’assumera complètement en proposant Diaporama, un opus folk intimiste qui fait fi des conventions commerciales. "Oui, j’en ai eu des hits radio, mais ils ne m’ont jamais servi, donc pourquoi m’entêter à vouloir jouer dans les radios commerciales? Ce n’est pas ça qui me branche. À ce stade-ci, je ne voulais plus faire de compromis. C’est dans cet esprit-là que j’ai fait Diaporama", mentionne-t-elle. Si Diaporama représente la révélation, c’est avec son récent Coeurs migratoires, acclamé par la critique, que Durand a pu consolider sa place parmi les voix les plus importantes de sa génération, remportant au passage, en novembre dernier, le prix de l’auteur-compositeur francophone par excellence au gala des Prix de la musique folk canadienne, son premier en carrière. "Je suis tellement heureuse du respect que j’ai acquis de mes pairs au fil du temps. J’ai crié vraiment fort quand j’ai appris la nouvelle, mettons!" se remémore avec fébrilité l’ancienne camérawoman de MusiquePlus.
Prendre le temps
Si Coeurs migratoires occupait la majeure partie de son horaire, Durand a malgré tout tenu à participer à la tournée Toutes les filles, spectacle qui jetait une toute nouvelle lumière sur la relève féminine québécoise. "Je trouve que depuis quelque temps, on a une belle effervescence d’auteures-compositrices au Québec. Au tournant des années 2000, il y a eu Jorane et Marie-Jo Thério, alors que si on remonte 20 ou 30 ans dans le temps, le Québec avait seulement des interprètes, des chanteuses à voix. Il y avait bien sûr les exceptions comme Louise Forestier et Diane Tell, mais je sens qu’il y a plus de femmes singulières aujourd’hui."
La participation à la tournée s’est avérée aussi porteuse de rencontres mémorables que d’amitiés solides. Une fois la série de spectacles complétée, Durand, avec l’aval de l’étiquette La Tribu, a réuni Sylvie Paquette, Ginette, Gaëlle, Marie-Annick Lépine, Amélie Veille et Magnolia aux studios Victor pour immortaliser sur disque les moments forts du spectacle. Paru la semaine dernière, le gravé Toutes les filles reste fidèle à l’esprit bohème et un peu brouillon de l’idée maîtresse, aspect qui plaît le plus à la marraine du projet. "Je sais que le Voir l’a massacré [Voir lui a donné deux étoiles et demie], mais je suis heureuse du résultat. On ne peut pas plaire à tout le monde, affirme Durand. Le but qu’on s’était donné en faisant l’album, c’était de bien servir les chansons des autres, et je crois qu’on y est parvenues."
Se projeter dans le temps
Avec sa tournée Coeurs migratoires qui se poursuit et sa participation au festival suisse Pully-Lavaux à l’heure du Québec, Catherine Durand trouve difficilement le temps d’écrire. Rien ne presse. "Le spectacle Coeurs migratoires est bien rodé puisqu’on a amorcé la tournée depuis quelques mois déjà. Le défi à la base était de rendre à leur plus simple expression ces chansons portées par des arrangements étoffés. Curieusement, une chanson comme Je veux rester, qui est probablement la plus ambitieuse en termes d’instrumentation, gagne en force quand on l’interprète dans sa plus simple expression guitares-voix-basse-batterie", soutient l’auteure-compositrice qui profitera des prochaines semaines pour jeter un regard confiant sur le futur. "La Catherine d’aujourd’hui dégage un univers qui lui est propre. Elle fait de la musique ambiante, tout en finesse. Elle est quelqu’un qui a continué à aller plus loin, qui s’est trouvé artistiquement. Elle est confiante et heureuse. Elle a perdu des illusions pour en gagner d’autres plus réalistes et qui lui ressemblent plus. Elle a hâte de voir ce qui s’en vient", termine de façon catégorique la chanteuse, après une longue réflexion.
À écouter si vous aimez / Damien Rice, Kasey Chambers, les soeurs McGarrigle