Charlie Winston : Hobo beau
Charlie Winston, jeune chanteur britannique au look savamment négligé, vient tenter l’opération charme au Québec.
Encore peu connu dans son propre pays, le chanteur anglais Charlie Winston a fait craquer l’Europe francophone et particulièrement la France où son album Hobo, porté par l’énorme single Like a Hobo, s’est écoulé à plus de 375 000 exemplaires.
Si ça marche là-bas, pourquoi pas au Québec? Son spectacle à Montréal affiche déjà complet, ce qui est plutôt bon signe (même si la majorité des places ont dû être achetées par des Français vivant ici). C’est qu’il a tout pour plaire, ce Charlie Winston; avec sa gueule d’artiste tombeur un peu bobo, son look savamment négligé et ses chansons folko-romantiques baba cool, les arguments pour séduire sont nombreux. Même la célèbre Audrey Tautou s’est laissé charmer et a accepté de participer à I Love Your Smile, le tout dernier clip de cet enfant de la balle, élevé par des parents musiciens de folk et tenanciers d’une auberge/taverne où tous les excentriques du coin (à Bungay, dans le Suffolk) aimaient se retrouver. "J’avais entendu dire qu’Audrey Tautou aimait bien ma musique, je me suis donc arrangé pour qu’une proposition de jouer dans mon clip lui parvienne. À ma grande surprise, elle a accepté. Mais ce clip n’est pas pour séduire encore plus les Français", se défend le chanteur, joint à Dublin lors d’une petite tournée irlandaise. "C’est bien plus pour me faire plaisir d’abord et avant tout! Hey, c’est Amélie Poulain, tout de même!"
"Ma musique passe bien auprès des Français", poursuit Charlie Winston, aujourd’hui domicilié à Paris. "Je dirais que j’ai un son européen qui provient de diverses influences, notamment Tom Waits. Je n’ai pas de limites géographiques dans mon style, je ne pense pas avoir un son anglais, tente-t-il d’analyser. Aussi, je crois que mon look plaît aux Français. Ils aiment les trucs classe et j’aime aussi les trucs classe, donc ça passe bien. Puis, comme j’ai évolué durant plusieurs années dans le milieu du théâtre et que j’incorpore un peu de cette expérience dans mes concerts, j’imagine que cela aussi a touché le public français."
En effet, avant de se lancer seul dans la chanson, Charlie Winston, qui a toujours rêvé d’être acteur, a longtemps créé des musiques pour des pièces de théâtre, musiques qu’il lui arrivait d’interpréter directement sur scène lors des représentations. Il a de plus fait partie du National Youth Reggae Ensemble pour ensuite accompagner sur disque et sur scène son frère Tom Baxter, lui aussi musicien. Mais c’est sa rencontre avec Peter Gabriel qui a poussé Charlie Winston à tenter l’aventure solo. Le célèbre musicien et fondateur de l’étiquette Real World lui a ouvert les portes de son studio afin que Charlie puisse enregistrer ce qui allait être son premier album, Make Way. Curieusement, la sortie de ce disque resta plutôt confidentielle et très limitée, et c’est davantage Hobo que le principal intéressé considère comme son véritable premier album. "Les gens qui m’entourent m’ont plutôt suggéré de prendre le temps de monter un répertoire plus solide et d’avoir une bonne base de fans, mais plusieurs des chansons qui étaient sur Make Way ont été retravaillées et se retrouvent maintenant sur Hobo. Je tenais à ne pas précipiter les choses, évoluer davantage en tant qu’artiste, avoir des choses intelligentes à raconter, insiste Charlie Winston. Je pense qu’il y a trop d’artistes qui n’ont rien à dire aujourd’hui, contrairement à ceux des années 60 et 70. Donc, lors de mes concerts, je demande au public d’arrêter de tout enregistrer ou de tout prendre en photo et d’être simplement présent, d’écouter ce que j’ai à dire et ce que je chante, de vivre le moment."
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