Surfer Blood : Partons, la mer est belle
Il n’est pas trop tard pour l’indie-pop de qualité. La preuve: le quatuor floridien Surfer Blood.
Il y a un envers à la médaille de l’engouement populaire et c’est l’indigestion. Les imitateurs se multiplient, les compagnies de disques signent avec n’importe qui et, pouf! Voilà le public prêt à passer à autre chose. Parlez-en aux ténors de l’électroclash…
Huit ans après You Forgot It in People, de Broken Social Scene, on croirait avoir atteint, voire dépassé ce point de saturation avec l’indie-pop. Mais selon JP Pitts, chanteur et guitariste du quatuor de West Palm Beach Surfer Blood, le climat est encore propice. "Il y a encore assez de variations d’un groupe à l’autre, il n’y a pas deux disques pareils et les gens sont enthousiastes… C’est excitant!" témoigne-t-il depuis une escale en Caroline du Nord.
"Oui, c’est un peu saturé. J’ai l’impression qu’il y a 20 ans, il y avait beaucoup moins de groupes mais qui faisaient davantage de disques et avaient une plus longue durée de vie. Et oui, des fois, j’ai de la misère à garder le fil de tout ce qui se passe", concède Pitts, 23 ans, élevé aux Dinosaur Jr. et autres Pixies, mais féru de leur récente descendance, de The Pains of Being Pure at Heart à Best Coast en passant par The Drums. "Je crois que c’est pour ça que tant de gens vont vers Pitchfork ou Stereogum, où ils peuvent tout de suite voir ce que la critique en a pensé, et ensuite se faire leur propre idée." Comme il se doit, Surfer Blood a reçu le sceau d’approbation des deux influents sites (entre autres) et jouit depuis d’un bon buzz, qui remplit les étapes de ses incessantes tournées et a tendu les oreilles vers son premier album, Astro Coast, lancé en janvier. Ce qui ne veut pas dire que le groupe, formé en janvier 2009, a eu tout cru dans le bec. "Nous avons booké nos premières tournées nous-mêmes et avons souvent joué devant cinq ou dix personnes. Puis, les gens ont commencé à parler, à écrire sur nous. Ça a évolué à partir de là", raconte le chanteur. "Je pense qu’il faut d’abord avoir un son qui se démarque, puis, travailler très fort et rester sur la route. C’est comme ça que tu rejoins les gens qui vont acheter ton prochain disque et rester avec toi, avec ou sans hype."
Pitts est bien sûr de lui, mais il a fait ses devoirs, quant au "son qui se démarque". Astro Coast, c’est largement son oeuvre, mitonnée sur l’ordinateur de sa chambre de dortoir de l’Université de Floride, à tâtons, avant même que le groupe ne soit complètement formé. "C’est un disque très personnel. J’apprenais tout au fur et à mesure. Quand je voulais savoir comment faire quelque chose, je vérifiais sur Internet! Le gros du son du disque résulte d’accidents de parcours." Le même scénario, incidemment, que pour d’autres classiques indie-pop: Oh, Inverted World des Shins, Out of the Shadow de Rogue Wave…
Un peu à l’étroit dans sa Floride natale, le quatuor ne détesterait pas éventuellement poser ses pénates ailleurs. La vie de tournée lui donne l’occasion de faire un peu de prospection, à la manière du film Away We Go. "Pendant un temps, je pensais vouloir aller vers New York, puis, je me suis dit: est-ce que je veux vraiment, en rentrant de tournée, me retrouver dans un minuscule studio à Brooklyn avec des rats et des coquerelles, et plein de bruit et de lumière à quatre heures du matin? On verra."
À voir si vous aimez /
The Shins, Rogue Wave, Vampire Weekend, Band of Horses