The Box : Maupassant chantait du prog
Plus libre que jamais, The Box profite de sa deuxième vie pour réaliser ses rêves de jeune fou. Retour à la scène guidé par un vieux fou, Maupassant.
Singulière métamorphose de groupe à succès des années 80 à électron libre que celle de The Box, entreprise en 2005 sur Black Dog There, plus près du prog de Genesis que du refrain-vers d’oreille entonné par Sass Jordan et Martine St-Clair sur Closer Together. Puis consommée en novembre dernier avec Le Horla, album-concept autour d’une des nouvelles les plus lues de Maupassant.
Le chanteur Jean-Marc Pisapia, seul lien entre les deux ères, met en contexte: "Il n’y a plus rien qui tient dans l’industrie présentement. Les nouvelles technologies dépassent les compagnies qui ne savent plus quoi faire pour vendre des disques, sauf de capitaliser sur les valeurs sûres. Tant qu’à être dans un climat pareil, je me suis dit: "Aussi bien y aller all the way et faire ce que je veux." C’était le moment ou jamais de sortir quelque chose qui se démarque."
Un album, selon son créateur, "mille fois pire que Black Dog There". On s’entend, pire comme dans encore plus libre, dans sa forme (pièces de 10 minutes, talk-over) et dans ses propos. "C’est un vieux rêve de cégep, ce projet-là. Quand j’ai lu Le Horla la première fois à 13 ans, c’est le côté sci-fi qui m’a "grabé" tout d’un coup. Après quelques lectures, je me suis rendu compte que Maupassant ne parle pas du tout, comme plusieurs le pensent, de sa folie. D’après moi, il s’agit d’une grosse critique sociale contre la bêtise des hommes."
BOÎTE À SUCCÈS
En dépit de l’écart entre les deux incarnations de The Box, Pisapia ne lève pas le nez sur ses vieux succès, bien conscient qu’il s’agit encore de la principale raison pour laquelle le public se déplace. "Je ne crois pas tellement à la formule assassine de garrocher juste du nouveau matériel à la gueule du monde. Je continue de prévenir de la façon dont ça va se dérouler: une première moitié avec un medley du Horla et des chansons de Black Dog, tous les vieux hits en deuxième partie. Je ne veux pas que les spectateurs soient constamment assis au bout de leur siège à se demander quand on va les jouer."
La résurrection de la formation aura aussi ravivé l’intérêt des maisons de disques et comblé celui des fans de longue date, qui avaient désespéré de voir les quatre premiers albums réédités, dossier maintenant classé grâce à Unidisc.
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Il y a congestion sur l’autoroute du rock, pense Jean-Marc Pisapia, parrain de la neuvième édition du Festi Rock de Richmond. "L’effet pervers de la démocratisation des moyens technologiques, c’est que tu es noyé dans une concurrence extraordinaire. Il y a beaucoup de gens talentueux sur le Net, mais le Net ne fait pas de miracles. Si tu veux te faire connaître, faut que tu passes par les moyens conventionnels." Le leader de The Box se souvient de l’impulsion qu’avait donnée à sa carrière L’Empire des futures stars. "L’avantage des concours comme le Festi Rock, c’est que tu peux aller chercher de l’exposure gratuite. C’est pour ça que c’est important de les faire."