Air : À l’air libre
Ouvrez grand vos poumons (et vos oreilles) pour absorber un grand bol d’Air frais puisque les Versaillais et leurs chansons-bulles ont flotté jusqu’à Montréal.
Il y a plus d’une décennie qu’on cohabite avec la pop vaporeuse des Versaillais. Loin d’être vilain, leur dernier album ne nous a pas surpris. Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin ont beau s’être offert un nouveau studio dans Belleville, sur ce nouvel opus, ils ne s’aventurent pas beaucoup hors de leur zone de confort… ce qu’ils réservent davantage à leurs albums annexes et autres musiques de films; ils viennent de boucler la bande originale de Quartier lointain de Sam Garbarski, un film inspiré d’une bédé japonaise de Taniguchi, casting tout naturel pour Air. Cela dit, Love 2, lancé l’automne dernier, est fait de chansons très rondes et enveloppantes où il fait bon se lover. "On a des périodes exploratoires et d’autres plus pop, dans lesquelles les chansons ont des refrains et tout ça, explique Jean-Benoît Dunckel. Love 2 s’inscrit clairement dans cette lignée. Il y a aussi un peu d’influences africaines sur ce disque." Ah oui?! "Le morceau African Velvet, par exemple, est basé là-dessus. Dans les riffs de guitare et au niveau rythmique, il y a un petit quelque chose inspiré du travail de Fela Kuti… Mais, bon, c’est assez loin (rires)."
Les formations qui s’inscrivent dans la durée ont souvent deux manières d’évoluer. Un groupe comme Stereolab travaille à préciser un son très distinct alors qu’un Beck se réinvente d’un album à l’autre. "Dans notre cas, c’est un peu les deux. On sent le besoin de raffiner ce qu’on fait, au niveau des voix et des textes notamment. En même temps, on a aussi besoin de travailler sur des projets qui nous emmènent ailleurs et nous permettent d’évoluer." Sans oublier les projets solos, sorte d’hygiène musicale dans laquelle Dunckel, alias Darkel, n’a pas l’air de prendre son pied: "Je trouve ça important même si, une fois qu’on s’y est engagé, on se rend compte que ce n’est pas forcément le fun de se retrouver tout seul", dit l’ancien étudiant en mathématiques aujourd’hui père de trois enfants. "L’accès à notre studio personnel permet une plus grande maîtrise qu’avant. On privilégie l’accident, alors qu’à l’époque de Moon Safari, on recherchait la perfection."
Love 2 part d’un questionnement amoureux. "Quand on a composé les chansons, on était, dans nos vies privées, en recherche d’amour; on se posait LA question de savoir ce qu’on voulait dans la vie, ce qu’est vraiment l’amour, et ce qu’on est prêt à sacrifier pour l’entretenir." En plus de l’idée d’une quête, "love", le mot lui-même, est utilisé pour sa résonance phonétique dans une pièce du même nom: "On peut faire un album entier avec ce mot qui est très puissant et qui sonne bien par ailleurs."
À travers leurs explorations autour de la question amoureuse, les gars de Air ont-ils trouvé des réponses? "Euh… ouais, répond Dunckel, hésitant. Que l’amour peut tenir que si on s’aime soi-même à la base, et seulement si c’est quelque chose que l’on donne sans rien attendre en retour." C’est un bon début.
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