Julian Casablancas : Coeur de rockeur
Musique

Julian Casablancas : Coeur de rockeur

Julian Casablancas s’offre une échappée hors des Strokes. Voir a profité de l’occasion pour en jaser avec lui… Et pour prendre des nouvelles du groupe.

À l’automne dernier, Julian Casablancas lançait un album solo, Phrazes for the Young, une oeuvre inégale qui démarre avec une chanson très proche du répertoire des Strokes – une fausse piste en quelque sorte puisque la suite évolue vers un tempo plus tempéré. "Ouais, dit Julian en direct d’une voiture qui s’engage sur le pont de Brooklyn. Cette chanson ressemble aux Strokes parce que j’écris pour les Strokes, j’imagine." Casablancas a l’air assez claqué merci. Il sort d’une station de radio où il vient d’enregistrer une session acoustique avant de s’embarquer pour une tournée. Difficile de conjuguer la vie de rock star et de nouveau papa? "Jusqu’ici ça va."

Le bond de côté hors des Strokes, presque tous les membres du groupe l’ont tenté. Albert Hammond Jr fait lui aussi cavalier seul, Nikolaï Fraiture est devenu Nickel Eye, Fabrizio Moretti est allé se changer les idées avec Little Joy… Le fait d’être dans un groupe rock aussi populaire que les Strokes peut-il devenir étouffant? "En tout cas ça l’a été pour moi, admet Casablancas. Et probablement aussi pour les autres. Je l’ai fait parce que ma soupape principale n’était pas disponible à ce moment-là. Mais rassurez-vous, les Strokes ne sont pas en danger."

Justement, on a hâte de voir comment ces échappées hors du clan nourriront le son du prochain album. "Je ne sais pas si notre son va en être modifié, mais je regarde les autres musiciens proposer leurs propres chansons au groupe, et je trouve qu’ils ont l’air plus à l’aise qu’avant. Moi, l’aventure en solo m’a permis de concrétiser rapidement des idées que je trouvais attirantes sans avoir à me justifier. Je me suis permis de faire tout ce dont j’avais envie, j’imagine… Quoique c’est pas mal tout le temps comme ça que ça finit!"

Les textes – assez bien ficelés – sont proches de ce que Julian Casablancas mitonne pour les Strokes. "Si je sais exactement où je veux aller avec une chanson, il y a de bonnes chances que je me la garde. En revanche, s’il y a plusieurs directions possibles, je risque de la soumettre au groupe."

Le parcours de Casablancas n’est pas sans rappeler celui de Paul Banks, chanteur/guitariste d’Interpol, qui oeuvre lui aussi en solo sous le pseudonyme de Julian Plenti. Tous deux évoluent dans des groupes rock new-yorkais qui ont réussi à s’imposer malgré l’offre abondante. Tous deux ont senti le besoin d’explorer en solitaire, même s’ils sont chefs de clan, à un moment où – disons-le – leurs bands respectifs tournent en rond… Même les couvertures de leurs albums sont semblables: même palette sombre où percent des touches de rouge et de bleu, même moue de roi flemmard affichant une assurance nonchalante. "Je l’ai rencontré une fois sur la rue. C’est un dude sympa. Je ne peux pas dire que je suis proche de lui, mais j’aime sa vibe."

Après la dernière visite des Strokes, dans un CEPSUM bondé, le moment est venu de renouer avec leur chanteur dans une plus petite salle. "Oui, ça a ça de bien. Parce que dans les salles de plus de 3000 places, c’est clair qu’on perd quelque chose dans la connexion avec l’auditoire."

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