Françoise Hardy : Hardy son
Musique

Françoise Hardy : Hardy son

Françoise Hardy revient à la musique après une pause littéraire. Rencontre avec une chanteuse sérieuse et toujours très captivée par son art.

Entre ses ouvrages sur l’astrologie et la publication de ses mémoires (Le Désespoir des singes… et autres bagatelles), Françoise Hardy avait quelque peu délaissé la musique au profit de l’écriture. Outre ce disque de reprises en duo paru en 2006 (Parenthèses), son dernier album de nouvelles chansons, Tant de belles choses, remontait à 2004.

L’interprète de Tous les garçons et les filles et de Comment te dire adieu s’est donc mise à la tâche, et c’est avec La Pluie sans parapluie, un disque aux accents légèrement pop, qu’elle revient à la musique. Comme d’habitude, plusieurs artistes (La Grande Sophie, Arthur H, Calogero, Jean-Louis Murat, Thierry Stremler, Alain Lubrano et quelques autres) ont contribué aux musiques, alors que Françoise Hardy s’est chargée de la majorité des paroles.

Voir: Comment choisissez-vous vos collaborateurs?

Françoise Hardy: "Je ne choisis personne. Ce sont les gens qui m’approchent. Par exemple, Calogero, je ne le connais pas, Jean-Louis Murat, je le connais à peine, Arthur H, je le connais un peu plus mais pas beaucoup. Alain Lubrano, je le connais depuis longtemps et j’aime bien travailler avec lui car il m’amène toujours des chansons qui ne sont pas lentes. Pour moi, c’est plus la production artistique et la réalisation musicale qui sont un problème, c’est toujours difficile. Mais je ne me dis jamais: "Je vais travailler avec Untel ou Untel.""

Vous avez aussi travaillé avec différents réalisateurs pour ce disque.

"Personnellement, j’ai eu beaucoup de galères avec la réalisation. Mon problème sur le plan de la réalisation, c’est que je suis tributaire des musiques que l’on m’apporte. Mon seul critère pour la musique que les uns et les autres me font parvenir, c’est la qualité mélodique, pas le style de la chanson. Or, les réalisateurs ont souvent un style et font tout dans ce même style. Donc, j’ai toujours l’impression qu’à partir du moment où mes chansons ont chacune un style très différent, elles requièrent des réalisateurs très différents. C’est pour ça que j’ai des albums un petit peu éclectiques. Mais bon, j’ose espérer que ma voix et mes textes amènent tout de même une certaine unité."

Lorsqu’on vous présente des mélodies, avez-vous déjà des paroles toutes prêtes ou vous vous laissez inspirer par la musique?

"Je pars toujours d’une musique pour écrire les paroles. Mais comme les musiques ont un esprit et une ambiance, c’est à moi de capter cet esprit et cette ambiance pour pouvoir traduire ça en mots. J’ai écrit des chansons d’amour, mais l’amour à mon âge tient plus du fantasme qu’autre chose. J’ai écrit aussi sur la mort (L’autre côté du ciel), une idée qui m’est venue d’un texte en espagnol, même si je ne parle pas cette langue. Mais la chanson qui me tenait le plus à coeur et dont je trouve malheureusement que la réalisation n’est pas à la hauteur, c’est Un coeur éclaté. Ce texte, je l’ai écrit après avoir terminé Le Jour enseveli de Rosamond Lehmann, un roman qui m’a bouleversée. Y a aussi une chanson qui m’a été inspirée par une entrevue de Danielle Darrieux à la radio. Elle évoquait ce film de Max Ophüls, Madame de…, et elle a cité la fameuse réplique: "Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas, je ne vous aime pas." Tout d’un coup, je me suis dit que ça ferait une chanson formidable!"

Vous n’avez toujours pas l’intention de remonter sur scène?

"Ah, mais vous êtes le troisième journaliste canadien à me poser cette question grotesque. Vous savez, je suis plus proche de 70 ans que de 60! Ça me navre, mais ça me fait rire en même temps. Je n’ai pas fait de scène depuis 42 ans, ce n’est pas maintenant que je suis à même d’en faire. Mon mari (Jacques Dutronc) est une force de la nature. Malgré ses excès, il a toujours eu une santé incroyable, une voix incroyable. Je persiste à penser que pour être un bon artiste de scène, il faut être une force de la nature. Ce n’est pas mon cas. Les journalistes qui me posent cette question ne réfléchissent pas à l’âge que j’ai!"

Françoise Hardy
La Pluie sans parapluie
(Virgin / EMI)

À écouter si vous aimez /
Jane Birkin, Keren Ann, Carla Bruni