Gordon Lightfoot : Le soleil brille encore
Gordon Lightfoot traverse le temps et les épreuves. Ce troubadour n’est pas prêt de ranger sa guitare et sa plume. Il ira jusqu’au bout.
Il semble impossible pour Gordon Lightfoot d’arrêter. Après une longue convalescence, deux années passées à se remettre d’une rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale survenue en 2002 (qui l’a plongé dans un coma pendant six semaines), l’auteur-compositeur-interprète était de retour en studio pour compléter Harmony, son dernier disque. Le voici de retour sur la route en 2006, même une légère attaque n’aura pu le persuader de mettre fin aux tournées.
Au téléphone, l’artiste de 72 ans nous assure qu’il va bien. Une chose est certaine, il n’a rien perdu de sa verve ni de son sens de l’humour. Sa mémoire, elle, semble intacte et infaillible. "La dernière fois que je suis venu faire un spectacle à Québec, c’était en 1987. J’avais chanté une chanson en français que j’avais écrite, Nous vivons ensemble. Je l’ai interprétée et j’ai été très déçu par mon français. Et, malheureusement, je ne me suis pas amélioré!" indique-t-il en riant.
"Je me console avec l’un de mes fils, ajoute-t-il. Il a étudié le français à l’université. Moi, je viens d’un petit village en Ontario (Orillia) où personne ne s’est jamais intéressé au français. Je suis toujours embarrassé de constater que je ne peux pas me débrouiller dans votre langue. Leonard Cohen est bien meilleur que moi!"
Avec les chansons Sundown et If You Could Read My Mind, Gordon Lightfoot a atteint des sommets et a connu la renommée aux États-Unis et sur la scène internationale. Avec Neil Young, Joni Mitchell et Leonard Cohen, il est de ceux qui se passent de présentation. Le folksinger nous résume de façon très simple son travail. "De la poésie, une bonne histoire et les mots justes. J’ai toujours aimé respecter une structure poétique dans l’écriture. C’est la meilleure méthode pour qu’une chanson coule de source. Je n’ai jamais fait dans l’abstraction. On essaie de traduire ce que les gens ressentent. C’est de la poésie qui est écrite par un homme simple. C’est qui je suis."
Sur son dernier disque, cet artisan de la chanson reste fidèle à sa réputation et à ses racines. Dans cet album enregistré en partie lors d’un concert au Massey Hall en 2001 – une salle symbolique dans la carrière de Lightfoot, qui y a fait ses débuts -, le barde se livre sans ambages. "La chanson Harmony est un bon exemple. Je l’ai écrite la soirée même où ma femme m’a quitté. Ma deuxième pour être précis. En fait, c’est la première fois qu’elle me quittait. La deuxième fois, ce fut la bonne!"
Questionné sur ses nombreux succès et les attentes du public, le chanteur ne semble pas dérangé outre mesure par l’ombrage que certaines de ses chansons, emblématiques, pourraient porter à son travail qui, lui, ne cesse de se renouveler. "Oh non! Ça me touche beaucoup ce que vous dites, cette impression qu’une chanson a toujours existé, tant elle est ancrée dans l’esprit des gens… Moi, chaque fois que j’interprète l’une de mes chansons, c’est toujours une nouvelle aventure. Il y a des chansons que le public connaît très bien, bien sûr, et d’autres, elles, qui feront leur chemin."
À écouter si vous aimez /
Leonard Cohen, Peter, Paul & Mary, Joni Mitchell