Japandroids : Ni Japonais ni robots
Musique

Japandroids : Ni Japonais ni robots

Vous aimez les mélodies gueulardes, la distorsion, les décibels et le sang? Voici Japandroids.

On racontera encore l’histoire à nos petits-enfants dans 40 ans. Fiston, viens voir ton vieux grand-père radoteur, tu veux? C’était en juillet 2009, le batteur-chanteur du duo canadien Japandroids, David Prowse, s’était coupé la main gravement en sortant ses tambours d’une camionnette garée sur le boulevard Saint-Laurent, quelques minutes avant son concert.

Il avait tout de même entrepris le spectacle comme si de rien n’était, mais la foule amassée au Lambi sentait bien que quelque chose clochait en voyant le sang gicler sur les blanches peaux de sa batterie installée à l’avant-scène, comme c’est souvent le cas avec les groupes en formule duo. Saoulé par le rock, David avait beau faire abstraction de la douleur, les lois de la physique l’ont rattrapé lorsque sa baguette s’est mise à glisser constamment de sa main droite ensanglantée.

Les frissons nous parcouraient le corps, surtout lorsque David essuyait sa main contre ses jeans bleus tirant sur le brun-gris. Tu sais, fiston? Cette seule paire de jeans que portent les rockeurs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant des longues semaines de tournée? Les mots danger et infection clignotaient au-dessus de la tête du pauvre David. Si bien qu’un spectateur/infirmier est monté sur scène pour offrir son aide. Quelques minutes plus tard, David reprenait le concert, protégé par un pansement de fortune.

"Je me souviens très bien de la soirée, lance le principal intéressé. Mon seul objectif était de jouer malgré le sang. Peu importe ce qui arrive, nous faisons tout pour ne jamais annuler un concert. J’ai déjà eu un accident de voiture une heure avant de monter sur scène. Nous avons souvent été malades, mais jamais nous n’avons annulé de concert. La seule fois où nous avons dû reporter un segment de tournée, c’est lorsque Brian (King, le chanteur-guitariste) a failli mourir au printemps dernier. Un abcès s’était perforé dans son estomac, il avait dû être opéré d’urgence."

Voilà pourquoi on craque tant pour le rock garage de Japandroids. Sur son premier album, Post-Nothing, ou sur scène, les tourbillons soniques du combo sont livrés comme s’il n’y avait pas de lendemain, et comme si les deux musiciens étaient profondément sourds (ce qui ne saurait tarder), tant la puissance des décibels est exagérée. Ajoutez à cela leur attitude festive, ultra-conviviale et quasi juvénile, et vous comprendrez que David et Brian n’ont rien de musiciens passifs ou faussement songeurs. "C’est le secret pour survivre aux longues tournées: aborder chaque concert comme un party. Nous montons sur scène avec l’envie de nous défoncer. C’est plus le fun pour nous et pour le public."

C’est d’ailleurs par respect pour son public que la formation de Vancouver lancera l’album No Singles le 11 mai prochain, CD incluant les pièces de ses deux premiers maxis lancés de manière indépendante. "Avec le succès de Post-Nothing, nous nous sommes rendu compte que des gens vendaient nos premiers maxis 50 $ sur eBay en décrivant le truc comme des "rares EP de collection de Japandroids". On avait produit 500 copies de ces maxis, et à l’époque, même en les donnant, personne n’en voulait. C’est absurde de les vendre 50 $."

En attendant la sortie de No Singles, les fans pourront se procurer Art Czars, premier d’une série de cinq nouveaux maxis que lancera le groupe d’ici la fin de l’année.

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