Jello Biafra : Jelloffensive
Musique

Jello Biafra : Jelloffensive

Jello Biafra renoue avec le punk hardcore en compagnie du Guantanamo School of Medicine.

Le monde n’a guère changé depuis qu’Eric Boucher s’est transformé en Jello Biafra en 1978 et qu’il a fondé les Dead Kennedys, troupe de choc parfaite pour véhiculer les propos accusateurs, sarcastiques et ravageurs du chanteur et activiste. Le monde n’a guère changé et Jello a toujours la haine. Mais les Dead Kennedys sont maintenant chose du passé (qui prend la reformation du groupe sans Jello Biafra au sérieux?), un passé que l’icône punk préfère ne pas trop se remémorer. Car après un divorce acrimonieux, disons que Jello Biafra en a gros sur le coeur en ce qui concerne ses ex-compagnons de route. "Je suis encore très affecté par ce qui s’est passé avec les Dead Kennedys. Toutes ces histoires d’avocats, de droits d’auteur et de fric… Les Dead Kennedys ne devraient pas jouer le jeu de l’industrie du disque et du commerce. Si les gars des DK’s veulent vendre leurs chansons pour la pub ou la télé, qu’ils écrivent leurs propres compositions et se trouvent un autre nom de groupe! Moi, je n’ai jamais écrit ces chansons pour qu’elles aboutissent dans des séries télévisées ou dans des pubs! Tout ça est pathétique."

Cela dit, avec ou sans les DK’s, le coloré personnage n’a pas hésité à se lancer dans toutes sortes de projets et collaborations, autant dans le registre spoken word qu’avec The Witch Trial, The Melvins, Mojo Nixon, Lard, Nomeansno, D.O.A., Napalm Death, Métal Urbain et Body Count, entre autres. Et on ne parle pas de son incursion en politique municipale et nationale, ni de son étroite collaboration au Green Party américain.

Aujourd’hui, à 51 ans bien sonnés, Jello Biafra n’a pas envie de se taire. Il faut dire que ce ne sont pas les sujets qui manquent pour alimenter le fiel du chanteur anarchiste, qui est aussi patron du réputé label Alternative Tentacles. "Je suis toujours sidéré par la bêtise des Américains. C’est une source d’inspiration intarissable", lance d’un ton moqueur celui qui a longtemps tiré à boulets rouges sur Reagan et les Bush, pour n’en nommer que quelques-uns. "Pour le moment, je regarde Obama aller. J’ai peur qu’il ne se transforme en Clinton, une marionnette." À ces mots, nous lui faisons remarquer que l’actuel président états-unien a tout de même réussi à démocratiser le système de santé de son pays. Il n’en faut pas plus pour que l’indomptable Jello se lance dans une longue énumération de tout ce qui cloche au sein de l’administration Obama. Une charge bien trop longue pour qu’on vous en livre tous les détails. "Obama, c’est mieux que Bush, mais c’est pas assez!"

Crinqué et super motivé après avoir vu récemment sur scène Iggy Pop avec ses Stooges, Jello Biafra a fait appel aux services des guitaristes Ralph Spight (Victims Family, Freak Accident) et Kimo Ball (Freak Accident, Griddle), du bassiste Billy Gould (Faith No More) et du batteur John Weiss (aussi de Freak Accident) pour former le Guantanamo School of Medicine – formation qui ressemble étrangement aux DK’s – et se lancer à nouveau dans le punk hardcore vindicatif. "Contrairement à Henry Rollins et Iggy Pop, je suis mortel, blague Biafra. J’ai 51 ans, mais je suis encore en mesure de me donner à fond sur scène avec un groupe comme le Guantanamo School of Medicine. Alors j’en profite pendant que je suis encore capable!"

En passant, le band joue quelques morceaux des Dead Kennedys en concert.

À voir si vous aimez /
Dead Kennedys, Black Flag, Fugazi