Sherbrooklyn : L’union fait la force
L’événement Sherbrooklyn, c’est un happening musical qui met de l’avant un important pan de notre scène locale. Table ronde avec quatre de ses ambassadeurs.
Trop facile. Un coup de fil, un message Facebook et deux rencontres fortuites sur la Wellington ont permis, en moins de 15 minutes, de former un charmant panel pour parler de l’événement Sherbrooklyn qui s’amène à grands pas. Une preuve de plus que Sherbrooke est une ville à l’image de sa scène musicale, soit à échelle humaine.
Autour de la table, Joé Boisvert de Greenwood et Les Enfants de Cabot, Johnny Maximum de Pete Möss, Charles Lavoie de b.e.t.a.l.o.v.e.r.s et Tony Almonte pour une discussion sur l’état de cette scène locale qu’on célébrera du 8 au 10 avril au Théâtre Granada.
Voir: Sherbrooklyn en est à sa première édition. Heureux d’en faire partie?
Joé: "Très heureux. J’imagine que la majorité des groupes de Sherbrooke ont appliqué parce que ça procure une belle visibilité. Ça nous apporte également un autre public. Par exemple, avec Greenwood qui joue avant Pete Möss, chaque band peut rejoindre et plaire au public de l’autre."
Johnny: "On nous a dit que ce serait une occasion de rencontrer des diffuseurs. Je m’attends donc à ce qu’il y ait un certain nombre de gens de ce milieu-là."
Charles: "Mais ça demeure une première édition. Ça va prendre du temps avant de créer un réel happening de l’industrie. Moi, j’ai juste hâte de jouer, de monter sur la scène du Granada. Je me concentre là-dessus pis c’est en masse pour moi."
Sherbrooklyn, c’est une seule fin de semaine. En Estrie, comment ça se passe le reste de l’année quant à la diffusion?
Joé: "À Sherbrooke, c’est assez facile pour les bars. C’est toujours la même game: si tu réussis à rentrer dans une place pis qu’ils aiment ça, tu peux y retourner ensuite. Ça va toujours mieux avec Greenwood. On dit qu’on fait du blues, pis rendus là, on fait nos compos et personne ne s’en rend compte. Par contre, avec Les Enfants de Cabot, plusieurs voient ça comme un risque parce que c’est en français."
Charles: "Il n’y a pas tant de lieux de diffusion en Estrie, mais avec b.e.t.a.l.o.v.e.r.s, on les crée. Dans le dernier mois, on a fait environ huit gigs. Y a eu La Caravane et Le Tremplin qui étaient plus officiels, mais on a aussi fait des house parties; on va jouer chez le monde. Sur le plan de l’instrumentation, nous, on peut se le permettre."
Parmi la scène sherbrookoise, y a-t-il des exemples à suivre? Si oui, lesquels?
Johnny: "Misteur Valaire a une démarche très pertinente. Ce groupe a fait la preuve qu’avec un peu de débrouillardise et quelques contacts, tu peux te diffuser toi-même, via Internet."
Tony: "Ça fait exactement un an que je suis à Sherbrooke, et quand je suis arrivé, j’ai demandé: "C’est qui les trois bands qui rockent la shop?" En premier, on m’a dit Pete Möss, en deuxième Misteur Valaire, et on m’a aussi parlé de Jake and the Leprechauns."
Joé: "Mais on en entend parler en masse de ces trois-là. Malheureusement, les gens ne connaissent pas beaucoup les autres; les médias ne s’y intéressent pas."
Pour faire lever leur projet, plusieurs ont déménagé leurs pénates à Montréal (Misteur Valaire, La Patère Rose…). Est-ce un passage obligé?
Joé: "Non. Montréal, ce n’est pas loin. C’est juste à 1h15…"
Tony: "Montréal, c’est super pour le réseautage, mais pour moi, ça lève plus à Sherbrooke. Ici, y a moins de distractions; je suis plus à mon affaire. De plus, tous les bons musiciens montréalais ont cinq projets en même temps. C’est tout le contraire ici. Avec mon band, on peut facilement se faire trois ou quatre pratiques par semaine."
Charles: "On ne peut pas comparer la vie culturelle de Sherbrooke à celle de Montréal. Ici, la scène n’est pas saturée. Mais si tu veux vivre de ta musique, Montréal s’impose à un certain moment."
Tony: "Faut voir Sherbrooke comme un tremplin."
Après l’interdiction d’affichage au centre-ville et la fermeture récente de lieux de diffusion de la scène émergente, les groupes locaux ont visiblement besoin d’un coup de main. Quel type d’aide serait le bienvenu?
Charles: "On parlait de réseautage… Ça prend plus de contacts entre les projets. Présentement, on travaille tous dans des directions différentes. Les musiciens devraient participer davantage aux rencontres d’artistes."
Johnny: "Là-dessus, je crois que l’événement Sherbrooklyn va aider à solidifier les liens entre les bands. Il va y avoir neuf groupes, et moi, j’ai l’intention d’être là tous les soirs, de discuter avec les autres."
Tony: "Il nous faudrait aussi l’appui de la Ville. On se doit d’être en contact avec la politique municipale pour ensuite rejoindre le grand public. Il faut être pris au sérieux. Un autre truc, c’est qu’il faut s’insérer dans le milieu scolaire."
Charles: "Des premières parties lors des gros shows, ça aiderait. Pourquoi il n’y avait pas un groupe de rap d’ici en première partie de Radio Radio? Moi, j’aurais aimé ça faire celle de Courtney Wing. Ça peut lancer l’artiste local autant que ça amène plus de monde dans la salle."
Bon… Lequel des trois soirs de shows de Sherbrooklyn sera le meilleur?
[Tout le monde rit du "bon gag" du journaliste… mais personne ne répond vraiment à la question. Pas de compétition lors de l’événement Sherbrooklyn, mais une complicité toute neuve qui, le temps de trois soirées de spectacles purement sherbrookois, devrait s’épanouir davantage sous nos yeux ébahis. Joie.]