The Webb Sisters : Âmes soeurs
The Webb Sisters sont inséparables, même pour une entrevue. D’une même voix, elles nous parlent d’une aventure qui a marqué leur carrière, celle de partager la scène avec une légende.
Charley et Hattie Webb sont depuis quelques années liées avec Montréal. Les soeurs jumelles, nées à Kent en Angleterre, ont eu droit à une immersion en règle alors qu’elles ont croisé deux artistes de renom issus de la métropole, et qui ont contribué à leur carrière. L’un d’eux est Rufus Wainwright, avec qui elles ont partagé la scène à Long Beach en Californie. Et le deuxième, non le moindre, se trouve être Leonard Cohen. Le poète a l’oreille juste lorsqu’il s’agit de choisir des voix de femmes, limpides, qui viendront s’harmoniser à la sienne, plus grave et ténébreuse. Il y a deux ans, il a même fait une exception pour accommoder The Webb Sisters.
"L’année qui a précédé cette nouvelle tournée de Leonard Cohen, nous avions travaillé avec Sharon Robinson, elle aussi choriste pour Leonard Cohen – on peut entre autres l’entendre sur l’album Ten New Songs -, explique Charley. Elle nous a appelées pour nous indiquer qu’il cherchait de nouvelles interprètes. La première fois que nous sommes allées en studio pour auditionner, nous n’avions aucune attente. Au départ, il ne voulait que deux choristes au total. Avec Sharon, nous étions trois. L’idée d’être séparées, Hattie et moi, nous rendait inconfortables, et nous l’avons précisé à l’équipe de production. Nous nous disions que nous venions d’anéantir nos chances. Terminé. Nous avons rencontré Leonard et il a tranché la question. Nous voilà toutes les deux réunies avec Sharon pour faire la tournée."
Une expérience unique qui dure maintenant depuis deux ans et qui va se poursuivre au courant de l’année. Si leur carrière a dû s’ajuster à cet agenda bien rempli, les soeurs Webb ont pu néanmoins produire deux maxis: Comes In Two l’année dernière et The Other Side il y a quelques mois. Qui plus est, le poète leur a offert un enregistrement, devant public, de la chanson If It Be Your Will. Un legs offert aux interprètes, qui se l’approprient à merveille sur scène en tournée avec le poète.
"Leonard Cohen respecte beaucoup ce qui distingue un individu, remarque Hattie. Plus la tournée avançait et plus nous étions vivantes au sein de ce spectacle. Il sait comment te faire sentir unique, telle que tu es vraiment. Je crois que c’est le sentiment qui prédomine dans ce groupe de musiciens qui l’accompagne."
Ensemble depuis toujours, c’est à l’âge de 7 ans que les deux soeurs montent ensemble sur une scène pour la première fois. Les harmonies sont sans contredit le point fort de ce duo qui mise sur une vision instinctive lorsqu’il s’agit de musique. L’une à la harpe (Hattie) et l’autre à la guitare (Charley), elles signent un folk épuré au caractère romantique. "Je crois qu’avec ces deux derniers EP, nous respectons enfin le son que nous cultivons sur scène depuis quelques années, indique Charley. C’est très organique comme approche. Et nous avons pu travailler avec le batteur Steve Gadd (Paul Simon, Carly Simons), un musicien exceptionnel. Une autre légende!"
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Judy Collins, Sarah Slean et Live In London de Leonard Cohen
Quel talent aussi marqué que la motivation chez ces deux sœurs, dont on peut noter que l’une est aussi brune (Charley l’aînée, à la guitare) que l’autre est blonde (Hattie, la cadette, à la harpe) ‒ et inversement !
Voix assurée, et d’une manière tout aussi patente : charme et sensualité à fleur de peau. Elles se sont approprié “If It Be You Will” de l’ami Leonard, leur interprétation confère à cette mélodie une autre dimension directement complémentaire (et non supplémentaire), sous le rapport de la prestation du…maître. Allez, quelle classe, quel allant, quelle osmose chez ces deux jeunes femmes !
Sublimes… C’est le terme exact