Alex Cuba : Que Pasa Cuba?
Alex Cuba n’est nulle part mieux que sur scène. Et son troisième album est une collection de chansons latines qui font fredonner, claquer des doigts, taper du pied. Imaginez…
Il ressemble à Prince. Prince avec un afro. Menu, pas une once de graisse, avec des favoris énormes qui lui vont des oreilles presque jusqu’aux lèvres. S’il parle l’anglais, c’est avec un fort accent espagnol mais, quand la lumière s’allume, aucun public ne lui fait peur. En concert, il bouge comme un rocker, manie sa guitare électrique comme Jimi, mais avec un doigté très particulier d’ex-bassiste qui n’utilise aucun pic (ou médiator, pour les linguistes). Ce señor Cuba est un compositeur tropical hors pair. Et un sacré boute-en-train, dans son costume de "funk soul brother" d’une autre époque et d’une autre pop. Pas vraiment l’idée qu’on peut se faire du salsero, d’un musicien sòn montuno ou de charangua traditionnelle. Hey, Alex! On t’as déjà dit que tu avais une allure old school?
"Tout ce que je fais, tout ce que j’aime est toujours old school, man! Va savoir pourquoi. Remarque, je suis né en 1974. Et j’ai été sûrement très influencé par les grands courants de cette époque. Quand j’ai eu 10 ans, on dirait qu’un esprit de la musique américaine perdu dans l’espace s’est posé sur Cuba. Je ne sais pas! (rires). Trouver les disques, ce n’était pas évident, c’est vrai, mais ça ne m’en a pas pris beaucoup. Quelques titres du Thriller de Michael Jackson et surtout I Can’t Stand The Rain de Kool & The Gang. J’avais réussi à me procurer un vinyle, je l’ai usé à mort."
Après Humo de Tabaco et Agua Del Pozo, deux albums épatants, mélodiques et groovy, qui lui ont mérité deux fois le Juno "musique du monde" au pays, ce résident de Vancouver a pondu un troisième disque éponyme irrésistible sous sa propre étiquette. Une section de cuivres "à la Chicago", des rythmiques qui pètent le feu, Alex en a marre de la salsa prévisible, il veut montrer son côté funk et direct. Sur la pochette, un autocollant avec des commentaires dithyrambiques du Billboard Magazine, du Boston Globe et du Miami Herald. Comment conquérir l’Amérique en une nuit? Il y a un an, jour pour jour, le petit Cubain a failli signer chez Blue Note. Un showcase à New York, en power trio, il en avait mis plein la vue à Bruce Lundvall et aux professionnels d’EMI qui le distribuent désormais. Un détail: le contrat qu’on lui offrait brimait trop sa liberté.
"La scène a sa propre magie. Je n’en ai jamais douté. À la minute où tu arrives en face d’un public, tu composes complètement avec l’instant, tu réagis par la force du moment présent. Peut-être le son de ma voix, déjà, a comme un pouvoir de mettre les gens à l’aise. Mais surtout, je me sens là parfaitement dans mon élément."
Petite parenthèse: Alexis Puentes (c’est son vrai nom) est sur scène à Cuba depuis l’âge de 4 ans. Dans l’orchestre de son père, il jouait d’abord de la percussion, l’incontournable "clavé" des musiques afro-cubaines. Puis, deux ans plus tard, on lui a mis une guitare entre les mains.
"Croyez-le ou non, je n’ai jamais pris le temps d’écouter Hendrix, toutes mes références étaient des bassistes. Surtout Jaco Pastorious de Weather Report. Il pouvait être drôlement funky, des fois…"
Toi aussi, hombre!
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